En s'imposant, hier, en finale avec un temps de 3:34.08, Taoufik Makhloufi est devenu champion olympique du 1 500 mètres et sauve l'honneur du sport algérien. L'Algérie ne rentrera finalement pas bredouille des jeux Olympiques de Londres-2012 après la jolie performance de Taoufik Makhloufi qui, pour sa première finale, sur le 1 500 mètres lui a offert sa médaille en or et un titre olympique en s'imposant devant l'Américain Leonel Manzano, deuxième, et le Marocain, Abdalaati Iguider, troisième, avec un temps de 3 min 34 s 08/100. Et comme les grands champions vivent souvent des histoires magnifiques, celle de Makhloufi a été rocambolesque puisque l'athlète algérien qui a brillament gagné ses deux premières séries sur cette même distance, a failli voir sa participation tourner au cauchemar lorsque l'IAAF (Fédération internationale d'athlétisme) a annoncé, dans un premier temps, sa disqualification suite à son retrait dans la cinquième série du 800 mètres, sa course de prédilection. La nouvelle de son exclusion a fait le tour du monde, avant qu'il ne soit réhabilité par l'IAAF qui a écourté la désillusion algérienne, déjà entachée par des affaires de scandale avant même le début des jeux et une débâcle dans toutes les disciplines jusqu'à cette performance de Makhloufi, le sociétaire du Groupement sportif des pétroliers (GSP, ex-MC Alger). L'athlète algérien a dû prouver sa bonne foi en fournissant un certificat médical qui lui a permis une réintégration dans la course du 1 500 mètres. Cependant, tous les observateurs, notamment l'opinion nationale, se sont demandé : dans quel état d'esprit va courir Makhloufi après sa mésaventure de la veille ? La réponse a été donnée hier, où Makhloufi n'a pas tremblé en jouant même, à un moment donné, des coudes pour se frayer un chemin parmi de sérieux concurrents, notamment les favoris, notamment les Kenyans, à leur tête Asbel Kiprop, le Marocain et champion du 1 500 mètres en salle Abdelaati Iguider ou bien les Américains Leonel Manzano et Centrowitz Matthew. A un moment, on sentait Makhloufi bien entouré, cadenassé par une rude adversité, mais il fallait compter sur les derniers 400 mètres où l'Algérien excelle pour prendre la tête de la course et ne plus lâcher prise jusqu'à la ligne d'arrivée, prouvant par-là sa grande réussite dans la gestion tactique de cette course très souvent compliquée par un travail d'équipe et de grands duels. La performance de Makhloufi est également le résultat d'une excellente préparation qui l'a emmené à séjourner au Kenya et de s'illustrer déjà lors des Jeux Africains de Maputo et des championnats d'Afrique à Porto-Novo en remportant à chaque fois la médaille d'or de sa spécialité le ... 800 mètres ! Avec sa médaille en or, Makhloufi entre dans la légende des grands champions algériens, à l'image de Nouredine Morceli, champion du monde à Atlanta en 1996, et se place comme un sérieux prétendant pour réaliser de nouvelles performances, sachant que sur cette même distance son meilleur temps est de 3 mn 30 s 80/100, obtenu le 20 juillet dernier à Monaco. Evidemment, l'enfant de Souk-Ahras, qui n'a que 24 ans, aura fort à faire pour s'attaquer au record du monde de Hicham El-Guerroudj qui date déjà de 1998 avec 3 minutes et 26 secondes, mais il est déjà une fierté pour l'Algérie et un porte-espoir pour l'avenir d'une discipline reine au Maghreb. Seulement, Makhloufi ne devra pas être l'arbre qui cache la forêt d'un sport algérien tombé en désuétude qui, souvent, ne vit que de performances ou d'exploits individuels, et non pas du fruit d'une politique savemment planifiée et scientifiquement appuyée.