Situation - Pour la première fois depuis le début de l'occupation du nord du Mali par les islamistes fin mars, 50 000 à 60 000 personnes se sont rassemblées hier à Bamako pour «la paix». Le rassemblement s'est tenu au stade du 26-Mars, le plus grand de la capitale malienne, à l'appel du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM) dont le président, Mahmoud Dicko, possède une influence grandissante dans ce pays à 90% musulman. Plusieurs hommes politiques, dont le Premier ministre controversé mais malgré tout maintenu dans ses fonctions, Cheikh Modibo Diarra, ont assisté au meeting au cours duquel M. Dicko et d'autres responsables religieux ont pris la parole. "Prions pour le Mali, prions pour la paix", a déclaré M. Dicko au Stade du 26 mars. "Nous ne sommes pas surpris de ce qui nous arrive, c'est la résultante de la trahison érigée en système" et de "la corruption", a-t-il ajouté, en demandant à tous les Maliens de s'entendre "pour le bien" de leur pays. "Notre pays a besoin de paix, de réconciliation nationale. C'est aux Maliens de trouver la solution du Mali et je leur demande à tous de se pardonner", a pour sa part déclaré le plus célèbre des prêcheurs du pays, Madani Ousmane Haïdara. Ainsi et dans ce même contexte la présidence de la République a annoncé que le président par intérim, Dioncounda Traoré, avait renouvelé "sa confiance" à son premier ministre, Cheikh Modibo Diarra. Rappelons que ce dernier, Astrophysicien de renommée internationale et entré en fonction le 24 avril, est largement contesté par une partie de la classe politique, en particulier le parti de M. Traoré, qui a exigé sa démission, dénonçant son "incompétence" et son manque de "stratégie" pour tenter de régler la crise dans le nord du pays. Ainsi le président de la république lui demandera au titre de ce renouvellement de confiance de "lui faire des propositions en vue de la formation d'un gouvernement d'union nationale". A ce titre, il insistera pour que les postulants se fassent connaître demain mardi au plus tard. M. Traoré, rentré à Bamako le 27 juillet après deux mois de convalescence à Paris à la suite d'une violente agression dans son bureau de la présidence par des manifestants hostiles à son maintien au pouvoir, travaille depuis à former un gouvernement "d'union nationale" à la demande pressante de ses voisins. Ces derniers, membres comme le Mali de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), estiment en effet que la reconquête du nord du pays passe par la mise en place à Bamako d'un pouvoir de transition consensuel qui ait la légitimité et le soutien nécessaires pour le faire.