Croyance - Les démons qui logeraient dans le corps des schizophrènes ne sont en fait, précisent-ils, que leurs démons intérieurs. Ils ne sont ni musulmans, ni chrétiens, ni athées. Et que pensent les psychiatres de ces séances de désenvoûtement ? Y croient-ils ? Dans le cas contraire, quelles explications donnent-ils à ces pratiques qu'ils balaient généralement d'un revers de la main ? Il faut reconnaître que Medi1 a fait preuve avec ce documentaire de beaucoup de professionnalisme et de maîtrise du sujet. La chaîne a donné la parole à deux raquis, à des malades, à leurs familles, au public, à un sociologue et bien sûr à un médecin psychiatre. Elle n'a pas tranché dans le sujet, n'a pris aucune position et s'est surtout contentée de rapprocher les points de vue pour aider à mieux appréhender le sujet. Tout le monde est tombé d'accord sur un point, y compris le psychiatre ; la roquia légale dite «chariia» doit être sauvegardée des manipulations des commerçants du temple. D'autant, soutiendra le praticien, que les malades atteints de schizophrénie ont tous les mêmes symptômes. Se référant au documentaire visionné quelques minutes auparavant, il expliquera que la patiente qui se débattait et qui était au bord de la transe n'est, en fait, qu'une schizophrène du premier degré et que le djinn n'avait strictement rien à voir avec elle. Le djinn, soutiendra-t-il, est une invention du faux raqui pour mettre en valeur ses pouvoirs et ses compétences. Le psychiatre expliquera avec force détails que les mêmes symptômes en cas de schizophrénie sont observés chez tous les malades qui en sont atteints. Cela a été observé en clinique. Les lèvres sont bleues comme vidées de leur sang, l'élocution est hachée, décousue, sans fil conducteur, les membres se raidissent et le patient devient, par moments, fou furieux et même violent. Le discours qu'il débite n'a aucun sens, il est brouillon et reste l'expression d'un dérangement intérieur que le médecin doit identifier avec patience pour trouver la juste thérapie. Les psychiatres parlent d'élément déclencheur, d'élément susceptible d'avoir provoqué de tels dégâts. Les démons qui logeraient dans le corps des schizophrènes ne sont en fait, précisent-ils, que leurs démons intérieurs. Ils ne sont ni musulmans, ni chrétiens, ni athées.Ils sont leur mal et par conséquent la piste de leur guérison. Seuls les raquis «chare'i» (légaux) sont en mesure, grâce à l'appui du Coran, de savoir si oui ou non le sujet est atteint par ce type de perturbation. Lignes rouges En matière de roquia comme en matière de fetwa, on n'a pas le droit de laisser faire n'importe quel charlatan. Les autorités du culte devraient dresser des lignes rouges bien visibles et bien en vue pour que les apprentis sorciers du dogme ne puissent prospérer en toute liberté. Il y va de la santé morale et physique des musulmans.