«Je te conseille de faire une roquia, c'est efficace», voilà la réponse donnée le plus souvent chez nous, à quelqu'un qui ne se sent pas bien. On conseille immédiatement à toute personne qui souffre de stress, d'angoisse ou qui subit une quelconque pression, d'aller voir un exorciste. De plus en plus de maux sont en effet attribués aux démons. Il faut dire aussi que la plupart des citoyens évitent de consulter un psychologue, de peur d'être assimilés à des malades mentaux, le tabou entourant la santé mentale étant encore fort dans la société. Ils préfèrent alors chercher la «paix intérieure» chez un exorciste. «Dans le Coran, il y a remède à toute sorte de maladies. Pourquoi devrais-je consulter un médecin qui me prescrirait des médicaments fabriqués à base de produits chimiques et qui ont souvent des effets indésirables ?», disent la plupart des citoyens interrogés. Consulter un raqui est alors devenu un réflexe très courant et pour n'importe quelle raison. Le djin (démon) est ainsi la source de toutes les maladies et la seule solution est d'aller vers quelqu'un qui a les compétences pour le «chasser». Toutefois, avec le grand nombre de personnes pratiquant la roquia, il est devenu difficile de séparer le bon grain de l'ivraie. Certaines personnes malhonnêtes et cupides font de l'exorcisme un métier et ils ne s'intéressent qu'au gain. Elles ont encore de beaux jours devant elles, tant la demande ne fait qu'augmenter. Dans certaines régions du pays, les gens versent d'importantes sommes d'argent pour des bouteilles d'eau «exorcisée». L'absence de tout contrôle de cette activité a permis aux pseudo-raquis d'exercer en toute quiétude, au détriment de citoyens crédules.