Résumé de la 75e partie - Charles pense que le père de Sophia est l'assassin. Cette dernière ne nourrit-elle pas le même soupçon ? Mais, étant Sophia, c'est-à-dire une petite fille à l'âme droite et courageuse, elle voulait la vérité, préférable, quelle qu'elle fût, à cette incertitude qui dressait entre nous une infranchissable barrière. «Prouvez-moi que la chose horrible à laquelle je pense n'est pas vraie... et, si elle est vraie, prouvez-moi qu'elle est vraie, pour que, sachant la tragique vérité, je la regarde bien en face ! N'était-ce point cela, en fait, qu'elle m'avait dit ? Edith de Haviland ne croyait-elle pas, elle aussi, à la culpabilité de Philip ? La période durant laquelle, pendant la guerre, Londres fut soumise à d'incessants bombardements par les avions allemands. Et Clemency ? Lorsque je lui demandai si elle soupçonnait quelqu'un, ses yeux n'avaient-ils pas eu une expression bien étrange, tandis qu'elle me répondait : «Tout ce qu'on peut dire, c'est que Brenda et Laurence sont les suspects les plus indiqués ?» Brenda et Laurence, toute la famille souhaitait qu'ils fussent coupables. Mais sans vraiment croire à leur culpabilité. Ce qui ne voulait d'ailleurs pas dire qu'ils n'étaient pas coupables. Laurence pouvait peut-être être le seul assassin ? C'eût été la solution idéale... Ma toilette terminée, je descendis, bien résolu à avoir le plus tôt possible un entretien avec Laurence Brown. Ce fut seulement ma deuxième tasse de thé bue que je m'avisai que la maison commençait à agir sur moi comme sur tous ceux qui l'habitaient. Moi aussi, ce que je désirais trouver maintenant, ce n'était plus la vraie solution du problème, mais celle qui m'arrangeait le mieux. Mon petit déjeuner pris, je montai au premier étage. Sophia m'avait dit que je trouverais Laurence dans la salle de classe, vraisemblablement avec Eustace et Joséphine. Devant la porte de l'appartement de Brenda, j'hésitai. Devais-je sonner ou entrer directement ? Finalement, je décidai de considérer la maison comme un tout et de ne point distinguer entre ses différents quartiers. Je poussai la porte. Le couloir était désert. Aucun signe de vie nulle part. À ma gauche, la porte du salon était fermée. Celles de droite, en revanche, étaient ouvertes sur une chambre à coucher, que je savais avoir été celle d'Aristide Leonidès, et une salle de bains où la police s'était attardée longuement, puisque là étaient rangées les fioles d'insuline et d'ésérine. Je me glissai dans la salle de bains. Elle était luxueusement aménagée, avec une profusion d'appareils électriques variés, qui eussent fait l'orgueil du plus exigeant des valets de chambre. J'ouvris le vaste placard blanc, encastré dans une des cloisons. (A suivre...)