Drame - Il ne se passe pas un hiver sans que des petites embarcations chavirent et coulent par plusieurs mètre de fond avec armes et bagages. Ténès est une ville très peu connue, en dehors des passages classiques. Elle est à la fois montagneuse et maritime blottie entre la forêt et la côte, coincée entre le littoral et l'arrière-pays. A mi-chemin entre l'Algérois et l'Oranie le Tell mostaganémois et la région boisée de Damous non loin de Cherchell, Ténès tire l'essentiel de ses ressources de la mer. Ici on est pêcheur de père en fils où Raïs et les fonds marins n'ont aucun secret pour ses travailleurs qui font vivre des centaines de familles. Mais voilà, la situation géographique de ce bout du territoire a fait que l'eau, qu'elle vienne du ciel ou de la mer, si elle assure la substance de tous, pêcheurs et agriculteurs y compris, n'en assure pas moins la mort à quelques-uns. Il ne se passe pas un hiver en effet sans que des petites embarcations chavirent et coulent par plusieurs mètres de fond avec armes et bagages. Un peu comme si Ténès devait payer chaque année un lourd tribut à la tempête. Certains noyés ont été retrouvés, en février dernier, une semaine après leur naufrage, à plusieurs miles du lieu de leur sinistre. Mais si le port est pratiquement inaccessible pendant cette période, la ville un peu plus haut n'est pas pour autant épargnée quand le ciel ouvre toutes ses vannes. Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la cité il y a un peu plus de 10 ans ont fait une dizaine de morts et de nombreux sans-abri. Un journal de l'époque qui avait eu le réflexe de dépêcher une envoyée spéciale, a même titré en première page : «Ténès, naufrage en terre ferme». Les dégâts sont souvent considérables quand les averses durent plus d'une heure. Alors quand la mer se déchaîne, quand la ville grelotte et que le ciel annonce de nouvelles crues, il est bon ce jour-là d'être loin de l'orage etc'est qui fait peut-être le charme de Ténès.