Traditions Ses habitants vivent de la pêche, du commerce et de? l?histoire. Blottie au creux de la montagne de Sidi Merouane, près du cap le plus éloigné d'Algérie, la baie de la ville de Ténès (Chlef) conserve jalousement des centaines de fragments d'une histoire plusieurs fois millénaire, tourmentée par les rides du temps et les batailles qui s'y sont déroulées pour la conquête de la cité. Ténès, une ville de plus de 40 000 habitants vivant exclusivement de la pêche, du commerce et des maraîchages, exhibe très souvent, au détour de criques fabuleuses, des pans entiers de son histoire. Dans nulle autre ville du pays on ne peut rencontrer, incidemment, des vestiges historiques abandonnés à moins de dix mètres de profondeur. A Ténès, c'est surtout la mer qui cache jalousement ses vestiges, son histoire, comme le tombeau des Phéniciens érigé près d'une crique, en bas de la vieille ville, ou les colonnes d'anciens édifices romains devenues des abris pour les poulpes et les rascasses de la petite plage du Rocher de Rêche. Le mur de protection de la ville, dont la paternité n'a pas encore été établie jusqu'à présent, même si les Turcs l'ont renforcé du temps du beylicat, est toujours intact, plus d'un millier d'années après sa construction. Un mur phénicien, carthaginois, numide ou romain ? Nul ne le sait, dans une ville qui a pu rassembler quelques lambeaux de son histoire presque oubliée dans un petit musée, en face de la grande baie, comme le veut la tradition ténésienne : vivre avec la mer, le dos à la terre et la tête tournée vers le cap de Sidi-Merouane, annonciateur de calme ou de tempête pour les pêcheurs. A proximité d'épaves de navires et d'avions coulés durant la Seconde Guerre mondiale, tout près de la grève, à quelques mètres de profondeur, on trouve dans la magnifique baie de cap Ténès des vestiges remontant aux époques numide, phénicienne ou romaine, dans un parfait état de conservation, au fond de l'eau. Des différentes ères historiques, l'ancienneté du peuplement berbère de la région de Ténès est affirmée. Au VIIIe siècle avant J.-C., la ville de Ténès, alors appelée Kertene, a connu ses premiers occupants, les Phéniciens y construisant un comptoir sur le prolongement de l'oued Allala qui se jette sur la baie. Bien après, la région côtière et les plaines ont subi l'influence carthaginoise au IIIe siècle avant J.-C., alors que la ville de Ténès se trouvait aux confins des royaumes amazigh Massaesyle et Massyle, subissant la domination parfois de l'un, parfois de l'autre, jusqu'à l'unification de la Numidie par Massinissa.