Résumé de la 84e partie - Gaitskill informe l'assistance qu'il va lui révéler le contenu du testament de M. Leonidès... Les dispositions testamentaires de M. Leonidès, me dit-il, n'ont rien de secret. J'ai, cependant, considéré qu'il était de mon devoir de prévenir d'abord les autorités policières, afin de leur demander leur avis sur la marche à suivre. Après un court silence, il ajouta : — Je crois comprendre que vous êtes... dirai-je très lié ?... avec miss Sophia Leonidès ? — J'espère l'épouser, déclarai-je. Mais elle ne veut pas entendre parler de mariage, pour le moment. — Ce qui s'explique fort bien. Je n'étais pas d'accord avec Gaitskill là-dessus, mais je n'avais pas l'intention de discuter le point avec lui. Il reprit : — Par ce testament, daté du 29 novembre de l'année dernière, M. Leonidès, après avoir légué à son épouse une somme de cent cinquante mille livres sterling, laisse la totalité de ses biens, tant réels que personnels, à sa petite-fille Sophia Katherine Leonidès. J'en restai sans voix pendant quelques secondes. Je m'attendais à tout, excepté à ça. — Il a tout laissé à Sophia ! dis-je enfin. C'est extraordinaire ! A-t-il expliqué les raisons de cette décision ? Ce fut mon père qui répondit. — Elles se trouvent clairement exposées dans la lettre qui accompagne le testament. Prenant un document sur son bureau, il se tourna vers Mr Gaitskill. — Vous ne voyez pas d'inconvénient, monsieur Gaitskill, à ce que Charles prenne connaissance de cette lettre ? — Je m'en rapporte à vous, déclara Gaitskill avec une certaine froideur. La lettre donne au moins une explication et peut-être, encore que j'en doute fort, justifie-t-elle l'extraordinaire conduite de M. Leonidès. Le «pater» me tendit la lettre. L'écriture, petite et assez tourmentée, avait du caractère et de la personnalité. Elle n'était nullement celle d'un vieillard, bien que les lettres, soigneusement formées, fussent caractéristiques d'un temps révolu, celui où l'instruction n'était pas dispensée à tous et se trouvait de ce fait même plus soignée qu'elle ne l'est aujourd'hui. Je recopie le texte de la lettre. Mon cher Gaitskill, Cette lettre vous surprendra et peut-être la considérerez-vous comme blessante, mais j'ai mes raisons personnelles d'agir dans le secret, ainsi que je le fais aujourd'hui. Il y a longtemps que je ne crois qu'à la personnalité. Dans toute famille, je l'ai observé dès mon enfance et je ne l'ai jamais oublié, il y a toujours un caractère fortement marqué et c'est lui, généralement, qui doit pourvoir aux besoins de tous. Dans ma famille, ce caractère fort, c'était moi. Etabli à Londres, j'ai assuré l'existence de ma mère et de mes vieux grands-parents, restés à Smyrne, arraché l'un de mes frères aux griffes de la loi, libéré ma sœur d'un mariage malheureux, etc. (A suivre ...)