Résumé de la 90e partie - Mais où est donc passé le carnet dans lequel Joséphine notait un tas de choses ?... Elle ne l'avait pas sur elle quand on l'a relevée ? — Oh ! ça, certainement pas ! Ce carnet, quelqu'un le lui avait-il pris ou était-il encore caché dans sa chambre ? L'idée me vint d'aller voir. Je ne savais pas quelle était exactement la chambre de Joséphine, mais, alors que j'hésitais dans le couloir, la voix de Taverner m'appela. — Entrez donc ! Je suis chez Joséphine... Avez-vous jamais rien vu de pareil ? Je restai cloué sur le seuil, positivement stupéfait. La pièce, pas très grande, semblait avoir été balayée par une tornade. Vidés de leur contenu, les tiroirs de la commode traînaient de droite et de gauche ; matelas, draps et couvertures, avaient été arrachés au petit lit ; les tapis étaient en tas, les chaises renversées ; il ne restait plus aux murs ni une gravure ni une photo, et les cadres des unes et des autres avaient été brisés. — Grands dieux ! m'écriai-je. Qu'est-ce que ça signifie ? — Votre avis ? — Quelqu'un est venu, qui cherchait quelque chose. — C'est ce que je crois. Je parcourus la pièce du regard et j'émis un menu sifflement. — Mais qui diable... Enfin, voyons, personne ne peut être venu ici et avoir ainsi tout bouleversé, sans avoir été vu... ou entendu ! — Croyez-vous ? Mrs Leonidès passe sa matinée dans sa chambre, à se faire les mains et à téléphoner à ses amis. Philip reste dans sa bibliothèque, avec ses bouquins. La vieille Nannie est dans sa cuisine, en train d'éplucher des pommes de terre ou d'écosser des petits pois. On connaît les habitudes des uns et des autres... et je vais vous dire une bonne chose : dans cette maison, tout le monde a pu faire le petit travail qui nous préoccupe aujourd'hui, c'est-à-dire machiner le piège de la buanderie et mettre cette pièce sens dessus dessous. Seulement, le quelqu'un en question a dû faire très vite et n'a pas eu loisir de fouiller la chambre tranquillement. — Vous dites «tout le monde» ? — Oui. Je me suis renseigné sur l'emploi du temps de chacun. Qu'il s'agisse de Philip, de Magda, de la vieille Nannie ou de votre jeune amie, personne ne peut rien prouver et nous devons nous en rapporter à ce qu'on veut bien nous dire. Pour les autres, c'est la même chose ! Brenda a passé seule la plus grande partie de la matinée. Laurence et Eustace ont disposé d'une pleine demi-heure entre dix heures et demie et onze heures. Vous avez été avec eux pendant quelques instants, vers ce moment-là, mais pas tout le temps. Miss de Haviland était seule au jardin, et Roger, seul dans son cabinet. — Clemency, elle, était allée travailler à Londres, comme tous les jours ? — Erreur ! Elle peut être dans le coup, elle aussi. Une migraine l'a retenue à la maison. Elle n'a pas bougé de sa chambre. Je vous le répète, ils sont tous suspects, tous !... Quant à choisir dans le lot un coupable, j'en serais bien incapable ! Si seulement je savais ce qu'on cherchait... et si on l'a trouvé ! (A suivre...)