Doutes - Alors que les autorités libyennes défendent toujours l'idée que le Guide soit mort dans un échange de tirs, plusieurs preuves indiquent que Mouammar Kadhafi aurait plutôt été exécuté après avoir été capturé vivant. Un raid des avions de l'OTAN dans la région de Syrte, un convoi de véhicules stoppé, des révolutionnaires qui débusquent l'ancien Guide suprême de la Libye dans une conduite d'évacuation des eaux usées quelques heures plus tard et le capturent. Ce sont les seuls éléments avérés des circonstances de la mort de Mouammar Kadhafi, le 20 octobre 2011. Un an après, le déroulement précis de la suite des événements reste en effet toujours aussi flou. Les autorités libyennes affirment que le colonel a succombé à une balle dans la tête, reçue lors d'une fusillade entre ses partisans et des révolutionnaires. Cependant, aucune indication n'a été donnée sur l'identité de la personne qui aurait fait feu. Le médecin légiste qui a examiné la dépouille de l'ancien Guide n'a pu déterminer si la balle venait des révolutionnaires ou des forces de Kadhafi. Début octobre, Rami el-Obeidi, l'ex-coordinateur du renseignement extérieur auprès du Conseil national de transition libyen, a affirmé au Daily Telegraph que c'était un agent des services secrets français qui avait appuyé sur la détente. Il affirme que «la menace d'une révélation d'un financement de Sarkozy en 2006-2007 a été suffisamment prise au sérieux pour que quiconque à l'Elysée veuille la mort de Kadhafi très rapidement». Fâché de la décision de la France de reconnaître le CNT, Mouammar Kadhafi avait menacé Nicolas Sarkozy de révéler un «grave secret» sur le financement de sa campagne en 2007. Dans le quotidien britannique Daily Telegraph, Rami el-Obeidi, ex-responsable des relations avec les agences de renseignements étrangères du CN, atteste cette version des faits. «Les services français ont joué un rôle direct dans la mort de Kadhafi», dit-il. Interrogé par Le Point.fr, le Quai d'Orsay s'est refusé à tout commentaire. Mais pour Patrick Haimzadeh, ancien diplomate et auteur du livre Au cœur de la Libye de Kadhafi, «il est tout à fait avéré que les Français se sont lancés dans une logique d'élimination physique de Kadhafi», étant donné qu'un ordre de Paris avait été donné aux avions français de bombarder les bunkers où aurait pu se cacher le raïs. Un rapport de Human Rights Watch publié récemment, détaille pendant cinquante pages les dernières heures du colonel ainsi que les circonstances de sa mort, de celle de son fils et de quelque soixante-six membres du convoi, sur la base de témoignages et d'images prises par téléphones portables. Kadhafi aurait été capturé sain et sauf par les rebelles, mis à part une légère blessure à la tête, aurait ensuite été battu violemment et peut-être aussi blessé à la baïonnette. Il apparaît ensuite «sans vie» sur des images le filmant dans une ambulance à moitié nu, selon l'ONG. De plus, indique HRW, les miliciens de Misrata «ont sommairement exécuté soixante-six membres du convoi de Kadhafi». «Il semble aussi qu'ils ont transporté Mouatassim Kadhafi, qui avait été blessé, à Misrata et qu'ils l'ont tué là-bas.»