Une fin tragique pour le colonel Entre la Jeep d'El-Gueddafi, le convoi mitraillé par l'aviation française, les déclarations des nouvelles autorités libyennes et les images et vidéos diffusées, il reste, sans doute, des zones d'ombre sur lesquelles la lumière doit être faite. Mort énigmatique pour Mouamar El Gueddafi. Fin de règne et début de polémique autour de sa mort. L'assassinat de l'ancien Guide libyen n'a pas livré tous ses secrets. Les déclarations contradictoires sur les circonstances de la mort d'El Gueddafi cachent semble-t-il des faits de vérité et laissent entrevoir quelques zones d'ombre. Comment a-t-il été tué? Qui l'a réellement tué? Jeudi, dans l'après-midi, des dirigeants militaires du Conseil national de transition libyen ont commencé par annoncer la capture puis la blessure et enfin la mort d'El Gueddafi à Syrte. «El Gueddafi a été arrêté. Il est blessé», avait annoncé un commandant du CNT à la presse. La télévision libyenne «Libye libre» a affirmé quelques moments après que le colonel El-Gueddafi a été arrêté en même temps que son fils Mouatassim ainsi que Mansour Daou (le chef des services de sécurité intérieure), et Abdallah Senoussi (chef des renseignements libyens). Entre les déclarations de capture et la confirmation de la mort de l'ex-colonel, les forces de l'Otan ont ajouté un flou aux circonstances de l'événement déjà suffisamment obscures. La coalition occidentale a annoncé entre autre dans un communiqué que des avions de l'Alliance avaient frappé deux véhicules à Syrte où le dirigeant Mouamar El Gueddafi avait été capturé. En termes plus précis, le ministre de la Défense français, Gérard Longuet, a indiqué que l'aviation française, sur demande de l'état-major de l'Otan, avait «stoppé» le convoi au sein duquel se trouvait El Gueddafi, avant des accrochages au sol entre Libyens, aux termes desquels l'ancien leader est décédé. Les militaires du CNT ont confirmé par la suite que l'ex-dirigeant a été blessé, mais pas encore mort. «Il est blessé, mais il respire encore», enchaînent les nouvelles autorités libyennes. Pour la même source, l'ex-guide «se trouvait dans une Jeep sur laquelle les rebelles ont ouvert le feu. Il en est sorti et a tenté de fuir. Il s'est réfugié dans un égout. Les rebelles ont ouvert le feu de nouveau et il en est sorti portant une kalachnikov d'une main et un pistolet de l'autre». Or, des vidéos diffusées par les télévisions du monde entier montrent des images d'un El Gueddafi homme aux cheveux long, blessé et entaché de sang, maltraité par les «révolution-naires», adossé à une Jeep entourée d'une foulée qui le bousculait et le maltraitait. Soudainement, les images disparaissent et la mort d'El Gueddafi est annoncée. En début de soirée, la même source confirme la mort d'El Gueddafi. «C'est un moment historique, c'est la fin de la tyrannie et de la dictature. El Gueddafi est mort. Il a rencontré son destin», a indiqué à la presse le porte-parole officiel du Conseil national de transition (CNT) à Benghazi (est), Abdel Hafez Ghoga. «Sa mort va mettre fin au bain de sang et au martyre de notre jeunesse.» Les images des télévisions satellitaires montrent au monde entier le cadavre maculé du sang du colonel. Tard dans la soirée du même jour, c'est au tour du chef de l'Exécutif du CNT, Mahmoud Jibril, d'apporter des «précisons». Il avait affirmé qu'El Gueddafi n'a pas été blessé après sa capture. «Quand il a été retrouvé, il était en bonne santé et portait une arme»,a-t-il affirmé. Et d'enchaîner qu'il a été pris dans un échange de tirs entre des combattants pro-El Gueddafi et des révolutionnaires. Et d'affirmer en termes plus clairs qu'il a été tué par les «révolutionnaires» qui lui ont tiré «une balle dans la tête», affirme-t-il, en assurant qu'«il était vivant jusqu'à son arrivée à l'hôpital» de Misrata. Suite à cette mort mystérieuse, des voix commencent à s'élever pour réclamer des enquêtes. C'est le cas du Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme. L'ONU veut son enquête. «Les circonstances ne sont toujours pas claires. Nous estimons qu'une enquête est nécessaire», a estimé hier le porte-parole du Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Rupert Colville. Le même responsable estime que les vidéos diffusées par les médias sont «très inquiétantes». Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague, a espéré que l'ex-dictateur vienne répondre devant la justice quant aux crimes qu'il a commis. Il annonce même que son pays «n'approuve pas les exécutions extrajudiciaires», a-t-il indiqué sur la chaîne privée Sky News. Plusieurs scénarios ont été annoncés, mais tous contradictoires. Entre la Jeep d'El-Gueddafi, le convoi mitraillé par l'aviation française, les déclarations des nouvelles autorités libyennes et les images et vidéos diffusées, il reste, sans doute, des zones d'ombre sur lesquelles la lumière doit être faite.