Attachement - Exilé au Canada depuis une quinzaine d'années, l'ancien arbitre fédéral, Mohamed Meddane, suit de très près l'actualité du football algérien. Il fait, dans cet entretien, un résumé de la situation de l'homme en noir en Algérie. InfoSoir : L'homme en noir en Algérie perd de sa notoriété, où se situe le problème ? Med Meddane : Personnellement, et pour ne rien vous cacher, je m'attendais à cela depuis plusieurs années. Mon constat n'est pas fortuit, parce que quand une chose n'a pas de base, elle ne peut pas tenir. Et la base de l'arbitrage est, sans aucun doute, la formation qui est le maillon faible de ce secteur chez nous. Autrement dit, l'arbitrage algérien est malade de ses formateurs. A notre époque, on nous apprenait les notions de base dès le début, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Je vous cite un simple exemple, regardez l'emplacement de l'arbitre sur le terrain, il est complètement faux. Un emplacement qui ne lui permet pas, d'un côté, de tout dominer du regard, mais aussi d'économiser son énergie. Où est la solution selon vous ? Je me demande une chose, qu'est-on en train de faire dans les différents séminaires organisés, ici et là, pour les arbitres ? Alors que rien ne change. Je me demande, souvent, qui a placé les hommes actuels à la tête des différentes structures de l'arbitrage. Un arbitre qui devient international au bout de quatre années d'exercice est une chose qui me laisse souvent bouche bée. A notre époque, l'arbitre devait passer par plusieurs étapes pour y arriver, avec des tours régionaux. Cela n'est plus le cas. Ce que je propose, c'est de mettre en place une feuille de route bien étudiée et ficelée par des gens du métier et ce n'est qu'à partir de là qu'on pourra dire qu'on a fait le premier pas. Je vous cite un autre exemple, y a-t-il de nouveaux arbitres dans l'élite algérienne ? Depuis des années, on prend les mêmes et on recommence. Donc, vous estimez que les actuels responsables en poste sont des incompétents ? C'est un constat réel et je ne suis pas le seul à le dire. Lacarne, par exemple, n'est pas habilité à être un formateur parce qu'il n'a pas la connaissance de la méthodologie qu'il faut. Ce qui se passe dans sa structure actuelle en est la parfaite illustration. Pour moi, Il n'y a actuellement en Algérie qu'un homme qui pourra sauver la mise, c'est Medjiba. C'est quelqu'un de très compétent. Il avait un programme ambitieux, mais on ne l'a pas laissé poursuivre. On colle aux arbitres actuels souvent l'étiquette d'être corrompus, pourquoi ? Ils sont corrompus parce que leurs responsables le sont aussi. Avez-vous déjà vu un corrompu en dénoncer un autre ? Jamais. Et puis, et en suivant les matchs du championnat via le petit écran, j'ai constaté qu'il y a trop de pratiques incorrectes de la part des arbitres qu'on ne dénonce pas ou sanctionne, mais aussi des accusations gratuites de la part de certains présidents, qui sont passées sous silence. Tout tourne à l'envers et cela ne doit pas continuer à fonctionner de la sorte. Pourquoi ne contribuez-vous pas par vos idées à développer le secteur de l'arbitrage en Algérie ? On ne vous laisse pas la possibilité de le faire, parce qu'ils veulent toujours des incompétents pour pouvoir réaliser leurs intérêts personnels, comme je vous l'ai dit concernant Medjiba. C'est navrant de voir les choses en l'état, et on doit vite tirer la sonnette d'alarme.