On commençait presque à croire que les mentalités avaient changé chez les pseudo-footeux. Et sans avertir, la bête immonde est sortie de sa tanière. Elle a frappé dans trois endroits différents, mais a choisi pour cette fois, une région bien précise, l'ouest du pays (Oran, Sidi Bel Abbes et Béchar). Samedi dernier, à l'occasion du déroulement de la 9e journée du championnat de Ligue 1, l'événement n'était plus sportif dans ces villes. En effet, les services de la sûreté de la wilaya d'Oran ont arrêté, dans la soirée, 22 perturbateurs suite aux incidents ayant émaillé la rencontre qui a opposé le MCO au MCA au stade Ahmed-Zabana, a-t-on appris hier, en marge de la conférence de presse sur la gestion des ressources humaines de la DGSN. «Les éléments des services de la sûreté de wilaya, soutenus par ceux des Unités républicaines de sécurité (URS), ont saisi chez des personnes arrêtées, des armes blanches avant, pendant et après la rencontre de football», selon la même source. Des altercations se sont produites pendant et en fin de match entre les supporters qui se sont jeté des pierres avant l'intervention des services de sécurité pour les disperser et rétablir l'ordre, a-t-on ajouté. Le second match, JSS - USMH, a été arrêté à la 72' à la suite d'un envahissement de terrain par des spectateurs qui fuyaient une bataille rangée dans les tribunes entre supporters des deux camps. Furieux de voir cette tournure des événements, les fans de l'équipe locale, déjà exaspérés par le fait que celle-ci était menée 2-1 au moment de l'arrêt du match par l'arbitre, s'en sont pris à tout ce qu'ils trouvaient sur leur chemin en sortant du stade. «Tous les commerces de Béchar situés à proximité du stade ont dû baisser rideau pour éviter d'être pris pour cible par ces excités». Résultat : 45 blessés selon des estimations des services de sécurité, sont à déplorer parmi les supporters des deux équipes et dans les services de police. A Bel Abbes, ce sont les fans de l'équipe locale, l'USMBA, qui ont manifesté leur colère à la suite de la défaite de celle-ci face à l'Entente de Sétif. A la sortie du stade, ils se sont transformés en casseurs et n'était l'intervention des services de sécurité, ils auraient commis l'irréparable. Du reste, tous les commerces de la ville ont dû fermer boutique au moment du passage de cette vague de personnes en folie. On signale «l'arrestation de 14 personnes». En somme, la violence se remet au goût du jour dans le football algérien pour bien montrer qu'elle ne l'a jamais quitté. Ce n'est pas demain la veille que les gens apprendront qu'il ne s'agit que d'un sport entre deux équipes. En fait le malaise est plus profond que cela. Cette violence n'est pas propre au football. Si elle s'y manifeste avec plus d'importance c'est parce que les gens trouvent dans le stade l'exutoire idéal pour déverser leur colère emmagasinée trop souvent ailleurs, dans des villes, villages, cités et quartiers où le climat du mal vivre est une triste réalité. Déjà fortement conditionnée, cette population est, en plus, mal accueillie dans des stades froids où il est difficile d'accéder même quand vous avez votre billet, où il n'existe aucune animation pour vous faire patienter avant le match et où trop souvent il n'y a ni eau ni toilettes pour répondre à un besoin urgent. Il reste, incontestablement, beaucoup à faire pour que cesse ce fléau et toutes les sanctions que pourront prononcer les instances dirigeantes du football n'y pourront rien. Il faut lutter contre le mal à son origine.