Le phénomène ne s'est jamais arrêté même s'il arrive à la presse de ne pas en parler. Il s'agit de la violence dans et autour des stades dont on pensait, à tort, qu'elle avait tendance à régresser. Pas plus tard que ce vendredi à Chelghoum Laïd un match du groupe Est du championnat interrégions entre l'équipe locale du HBCL et l'ES Guelma n'est pas allé à son terme. A la mi-temps les supporters du club local s'en sont pris aux joueurs et accompagnateurs de l'équipe visiteuse les bombardant de toutes sortes d'objets. En tentant d'intervenir, des policiers, dont un officier, ont été blessés. L'arbitre a dû stopper les débats. Mardi dernier, à Béchar, le match de Ligue 2 professionnelle entre la JS Saoura et le MO Béjaïa a été émaillé d'incidents. L'équipe bécharie s'est, pourtant, imposée sur la score de 4 buts à 1, cela n'a pas empêché ses supporters d'être particulièrement agressifs, en particulier contre l'équipe adverse dont les dirigeants ont interpellé la FAF et la LFP, indiquant que «(leur) équipe a vécu l'enfer lors de son déplacement à Béchar pour affronter la JSS dans un simple match de championnat». Ce n'est pas la première fois qu'un club, qui joue à Béchar, se plaint d'avoir été mal reçu par la JSS. Avant le MOB, l'USMBA avait échappé à une véritable émeute dont les dégâts avaient été considérables. Pour revenir à la journée de vendredi dernier, on a appris que les matches de Ligue 2 professionnelle RC Kouba-MO Béjaïa et O Médéa-JS Saoura ont, eux aussi, été marqués par de graves incidents. Et puis il y a eu le stade du 5-Juillet, où s'est joué samedi soir le quart de finale de Coupe d'Algérie entre l'USM El Harrach et l'USM Alger. La presse a suffisamment relaté ce qui s'est passé, à savoir la colère d'une partie du public harrachi qui s'est mise à tout casser sur son passage puis s'en est prise aux deux caméras de la télévision situées sur la tribune supérieure qu'elle a balancées sur la piste d'athlétisme en contrebas. Face à un tel phénomène, l'ENTV a dû, et c'est compréhensible, interrompre la retransmission du match alors qu'on en était à la mi-temps. Selon les informations en notre possession, la police aurait procédé à l'arrestation de nombreux casseurs dont certains avaient en leur possession des armes blanches. Ils seront déférés devant la justice qui les condamnera et puis après... Le phénomène sera-t-il enrayé ? Absolument pas. Voilà des années que des cris de détresse sont lancés mais cela ne change rien. La violence est là et toujours là avec son cortège de blessés (de morts même) et de destructions. Quand on se réjouit de voir des énergumènes faire les «intéressants» dans un stade avec des produits prohibés comme les fumigènes et autres feux de Bengale, des produits interdits par la FIFA et toutes les fédérations de football dans le monde, parce que dangereux, avant d'être des objets de fête, on doit s'attendre à voir ces «intéressants» déborder sur le terrain de la violence et de la casse. Ils bravent l'interdit, ils sont donc capables de tous les excès même ceux qui consistent à faire du mal. Mais on sait que cette violence ne naît pas dans le stade. Ce dernier n'est qu'un exutoire, un endroit où l'on vient déverser sa colère. On l'assez répété : c'est la mal vie, la ghettoïsation dans laquelle sont confinés des milliers de jeunes dans leurs cités-dortoirs, des jeunes souvent oisifs parce que sans emploi, qui font que nos stades et leurs alentours se transforment en arène où se mènent les batailles interdites. La solution au problème de la violence dans les enceintes sportives passe inévitablement par l'amélioration du cadre de vie de ces milliers de jeunes en leur garantissant un avenir meilleur. Mais on ne saurait taire le rôle et la responsabilité des instances dirigeantes du football, celles des clubs et celles des comités des supporters qui ne doivent pas se contenter de suspendre des banderoles de soutien à leurs équipes respectives. C'est, également, le rôle et la responsabilité des pouvoirs publics quand on sait que le comité national de lutte contre la violence dans les stades est, normalement, présidé par le ministre de la Jeunesse et des Sports. C'est, enfin, le rôle et les responsabilité des services de sécurité qui se doivent d'être fermes face à ces provocateurs et casseurs dont le but est de faire du mal à autrui. Vendredi c'était à Chelghoum Laïd, Béchar, Kouba et Médéa, samedi c'était au stade du 5-Juillet, où sera le prochain théâtre des actes de violence ?