Un mot encore sur l?emploi du mot Allah. Ce dernier est parfois utilisé dans les écrits en français, suivant ainsi la tradition des orientalistes européens qui, lorsqu?ils parlent de l?islam, emploient Allah à la place de Dieu. Dans l?esprit de ces derniers, il s?agit, dans la plupart des cas, de singulariser les croyances de l?islam, de suggérer que le Dieu dont il s?agit n?est pas le même que celui des autres religions monothéistes? On comprend, dès lors, que beaucoup d?Algériens (et de musulmans dans le monde) n?emploient pas le mot Allah quand ils écrivent dans les langues étrangères ! Si on emploie couramment le mot Allah pour désigner Dieu dans les langues algériennes, on emploie également, et souvent plus qu?Allah, le mot Rabbi. Ce terme, également d?origine arabe (en fait, il est commun aux langues sémitiques) a le sens propre de «Seigneur» et c?est avec ce sens exclusif qu?il apparaît dans le Coran : «Rabb al ?alamayn» est «le Seigneur des univers». En Algérie, il a tendance à prendre le sens exclusif de «Dieu», notamment en berbère où Allah est d?un usage restreint. Si en arabe classique, le mot Rabb a gardé, dans beaucoup de cas, le sens général de «seigneur», «maître», comme dans «rabb al bayt» (le maître de la maison) par exemple, dans les langues algériennes, il a rarement ce sens. On ne le retrouve que dans quelques formules plaisantes comme «rabb lmeqla» (le seigneur de la poêle) pour parler de quelqu?un qui fait ce qu?il veut, qui commande une maison ou prend des décisions. (à suivre...)