Création Au cours d?un récital, mercredi dernier au centre culturel Aïssa-Messaoudi de la Radio, Noureddine Saoudi a interprété sa nouvelle nouba. Celle-ci, intitulée Nouba d?ziria, a été créée sous le mode sahli (utilisé dans le hawzi) avec quatre mouvements au lieu de cinq, à savoir m'seddar, b'taïhi, nasref et khlass. Pour ce qui est du texte, il semble que l?interprète a puisé dans le corpus existant, à savoir dans le patrimoine. La Nouba d?ziria, un hommage à Alger, est le résultat de plusieurs années de travail et de recherche. Dans une conférence, tenue au siège de la radio, Noureddine Saoudi, ce chercheur en anthropologie, a précisé que son travail consiste à établir une recherche sur le rythme, la mesure, et de trouver l?équilibre, l?harmonie, ainsi que des vocalises qu?il désigne par «onomatopées». Son investigation s?est articulée autour d?une recherche de nouvelles sonorités et de mélodies inédites. Il y a également un travail prosodique et une recherche sur la stylistique et l?esthétique. La création à laquelle s?est livré Noureddine Saoudi est établie sur le modèle de la tradition andalouse, mais adaptée à sa voix, à son inspiration du moment et à son intuition de musicien soucieux de renouveau et de créativité, ainsi qu?à sa sensibilité. Toutefois, les conservateurs, tel le maître Mohamed Serri, réfutent la terminologie de «nouba», car pour eux, la nouba exige un contexte, un environnement social, culturel, et un état d?âme et d?esprit qui favorisent la naissance d?une nouba. Les conservateurs infligent à la composition du jeune chercheur un jugement catégorique : la composition de Noureddine Saoudi, la Nouba d?ziria, ne peut être une nouba, mais simplement une composition. Ont-ils peur du changement, du renouveau et de la créativité ? Jusque-là, le débat reste ouvert. En dépit de la polémique suscitée par sa nouba, Noureddine Saoudi ne semble pas inquiet de la réaction des conservateurs. Il dit : «Notre patrimoine a besoin d?être revisité, rénové ; je peux être dans le vrai comme dans le faux, l?essentiel c?est l?effort fourni dans ce sens, à savoir la création.» Et d?ajouter : «Celle-ci obéit à des impulsions du moment.» Au cours de la soirée, où l?interprète a partagé avec le public sa création musicale, Noureddine Saoudi s?est distingué par un jeu égal à sa composition musicale. Du premier mouvement au dernier geste, il a subjugué l?assistance qui, éblouie, ne cessait de l?applaudir. Certes, la création de Noureddine Saoudi s?avère intéressante dans la mesure où il apporte une nouvelle empreinte, disons une tendance jeune, où il y a de belles mélodies, des sonorités attrayantes et des arrangements que l?on peut savourer. Toutefois, sa musique a été quelque peu faussée par quatre instruments, comme la guitare sèche, la basse, l?accordéon et le synthétiseur ; des sons, intrus, venant faire «fausse note» altérant, dans une certaine mesure, tout le corps de l?andalou, des sons venant agresser l?ouïe, perturber notre sensibilité. Il est vrai que Noureddine Saoudi a créé, et qu?il voulait apporter une touche personnelle, une nouvelle approche de l?andalou, une version neuve, plus moderne, adaptée à des aspirations contemporaines, mais comme il est dit dans le jargon populaire : «Il s?est planté en introduisant des sons étrangers à l?andalou.»