Embrasement - La liste des morts s'allonge avec les manifestations violentes qui ont eu lieu dans la nuit d'hier. L'armée égyptienne a déployé ce matin des chars devant le palais présidentiel après des affrontements nocturnes meurtriers qui ont fait 5 morts entre partisans et adversaires du président Mohamed Morsi. Aux premières heures du matin, au moins trois chars et trois véhicules blindés ont pris position près de l'entrée du complexe présidentiel et sur une grande avenue qui le longe, dans le quartier d'Héliopolis. Des centaines de partisans du président y étaient toujours présents, de nombreux islamistes ayant passé la nuit devant la présidence, dormant dans des tentes ou enroulés dans des couvertures. Le calme prévalait aux abords immédiats du palais, où les manifestants scandaient des slogans en faveur du chef de l'Etat et conversaient avec les équipages des chars et leurs officiers. Dans la soirée, et dans les pires violences depuis l'élection en juin de M. Morsi, au moins cinq manifestants ont été tués (quatre par balle et l'un après avoir été atteint près du coeur par une décharge de chevrotine, selon l'agence officielle Mena). En outre, le ministère de la Santé a fait état de 450 blessés. Durant toute la nuit, des batailles à coups de bâtons, de cocktails molotov et de jets de pierres ont eu lieu avec de brèves périodes d'accalmie, et des coups de feu se sont faits régulièrement entendre. Les locaux des Frères musulmans ont été incendiés à Ismaïliya et Suez (nord-est). Les environs du palais et les rues avoisinantes étaient encore jonchés de pierres et de bris de verre, avec de nombreuses voitures aux vitres cassées lors des affrontements. «Mohamed Morsi. Vous êtes le responsable», a accusé la page Facebook «Nous sommes tous Khaled Saïd», qui avait contribué à lancer la révolte ayant renversé Hosni Moubarak en février 2011. «Nous sommes ici pour la liberté, ils sont là pour la violence», a dit un anti-Morsi, Ali Gamal, devant la palais dans la nuit. «C'est une guerre civile qui va nous brûler tous», a déploré Ahmed Fahmy. Mohamed El-Baradei, chef de la coalition de l'opposition, a fait porter à M. Morsi «l'entière responsabilité» des violences. «Le régime perd de sa légitimité jour après jour», a-t-il dit en le qualifiant de «répressif et autocratique». Sur son compte Twitter, la confrérie des Frères musulmans a qualifié les anti-Morsi de «voyous armés appartenant à l'opposition» et de «restes du régime Moubarak», provoquant la fureur des opposants dont certains l'ont accusée de «fascisme». M. Morsi ne s'est toujours pas exprimé depuis les violences. Les Frères musulmans, le mouvement dont il est issu, ont indiqué sur Twitter qu'il s'adresserait à la nation ce matin pour «discuter des initiatives pour résoudre la crise», mais une source à la présidence a dit que son intervention n'était pas encore confirmée.