Première - En juin 2012, le candidat des Frères musulmans Mohamed Morsi remporte les élections présidentielles face à Ahmad Chafiq, le dernier Premier ministre de Hosni Moubarak. L'annonce avait mis fin à une semaine d'attente interminable où les spéculations allaient bon train sur d'éventuelles manipulations et fraudes, visant à faire gagner l'un ou l'autre. Il y en a sans doute eu, mais l'écart entre les deux candidats, près d'un million de voix selon les dernières estimations, est suffisamment important pour qu'il n'y ait pas de contestation. D'ailleurs Ahmad Chafiq a rapidement reconnu sa défaite ; quant à ses supporters, ils ont fait part de leur très grande déception, mais également de leur crainte qu'un Frère musulman soit désormais à la tête du plus grand pays arabe. Une élection qui n'a pas été sans susciter, dès les premiers jours, les interrogations des voisins de l'Egypte amis aussi des Egyptiens eux-mêmes. Un Président issu de la plus ancienne confrérie musulmane du monde arabe les laissait perplexes. Lors de sa première déclaration télévisée, le Président Morsi avait cherché à rassurer, affirmant qu'il serait «le Président de tous les Egyptiens». Tous les regards étaient tournés vers ce nouveau Président qui devait ainsi relever des défis immenses. Ce dernier n'a pas trop tardé à se mettre sur le devant de la scène égyptienne. Acte n°1 : Mohamed Morsi engage un bras de fer décisif avec la puissante armée égyptienne en limogeant le maréchal Hussein Tantaoui, chef du CSFA (Conseil suprême des forces armées) en abrogeant un décret rognant ses pouvoirs. Et cela n'était qu'un début. L'armée, qui avait jusque-là donné à l'Egypte tous ses Présidents depuis le renversement de la monarchie il y a 60 ans, était dans l'œil du cyclone...Morsi. Six semaines après son entrée en fonction et une semaine après la mort de 16 gardes-frontières égyptiens victimes d'islamistes au Sinaï, le chef de l'Etat annonce un changement majeur au sein du commandement militaire et une redistribution des cartes au niveau politique. Outre la mise à la retraite d'office du maréchal Hussein Tantaoui et du général Sami Enan, chef d'état-major des armées, Mohamed Morsi a abrogé une «déclaration constitutionnelle» prise par les militaires avant l'élection présidentielle qui rognait les prérogatives présidentielles. «Je n'ai pas voulu envoyer des messages négatifs à propos de qui que ce soit, mais mon objectif était de servir cette nation et son peuple», avait déclaré Mohamed Morsi lors d'un discours prononcé après la publication des décrets, tout en faisant l'éloge de l'armée égyptienne. «La décision est souveraine, elle a été prise par le Président pour injecter du sang neuf au sein du commandement militaire, dans l'intérêt du développement d'un Etat nouveau, moderne», avait souligné, pour sa part, à Reuters, Yasser Ali, porte-parole de la présidence.