Catastrophe - Le 21 décembre 1987, la collision de deux bateaux, la plus meurtrière en temps de paix, fait plus de 4 200 morts dans le détroit de Tablas. Leyte est une des nombreuses petites îles du groupe des Visayas dans l'archipel des Philippines. En ce premier jour d'hiver 1987, un bateau s'apprête à prendre le large avec à son bord plusieurs milliers de personnes. Sur le quai de la capitale de l'île, Tacloban, les dernières manœuvres sont effectuées afin de permettre au «Dona Paz», un bateau de 93 mètres de long, de prendre la mer. Les derniers passagers accourent encore au loin afin de ne surtout pas rater le départ. D'autant que dans cet endroit du monde, les bateaux fiables sont plutôt rares. Les accidents et les pannes de moteurs sont monnaie courante. Et les consignes de sécurité, très rarement respectées. Il ne faut donc surtout pas rater le départ de l'un des derniers bateaux dont la réputation est encore intacte. C'est la dernière sortie de la semaine, et afin de rentabiliser le voyage, l'équipage, n'hésite pas à attendre les retardataires, afin d'en transporter le plus possible. Moins de 1 500 passagers sont déclarés lors de l'embarquement. En fait, il y en a trois ou quatre fois plus. La journée s'achève, et en ce mois de décembre le soleil va bientôt se coucher. Quand le bateau prend son départ du port, en cette fin de journée du 21 décembre 1987, il fait déjà nuit sur Tacloban. Mais la traversée n'inquiète pas l'équipage qui a l'habitude du trajet qui mène à Manille (capitale des Philippines), même dans ce type de conditions météorologiques périlleuses. Les interminables discussions qui s'engagent entre les passagers tout au long du trajet, leur font oublier les conditions de voyages innommables qui ne semblent pas les perturber. Entassés les uns sur les autres, certains dorment, d'autres écoutent la pluie tomber, tout en pensant à ce qui les attend une fois arrivé à Manille. Trouver du travail pour les uns, ou encore rejoindre leurs familles pour d'autres. Mais la plupart sont des commerçants qui s'y rendent pour vendre ou acheter de la marchandise. En cette nuit froide d'hiver, la mer est agitée et la visibilité pratiquement nulle. Vers 21 h 58, le «Dona Paz» traverse le détroit de Tablas. Au même moment, un autre bateau, le pétrolier «Vector» qui transporte 8 800 barils de pétrole, le traverse aussi. Les 2 minutes qui suivront ne suffiront pas pour manœuvrer ces deux mastodontes des mers. À 22h, ils entrent en collision. Le «Vector» est sévèrement touché, mais les dégâts sont loin d'être comparables à ceux causés au «Dona Paz». Le pétrole qui se répand tout autour de ce dernier, une étincelle, et le temps de comprendre ce qui vient d'arriver.... Il s'embrase, puis sombre. On saura bien plus tard que le bateau transportait, en fait, cette nuit-là plus de 4 200 passagers. On ne dénombrera que 21 rescapés. Ceux qui auront survécu aux flammes cette nuit-là, périront d'hypothermie, dans cette catastrophe maritime qui, à ce jour, reste la plus meurtrière jamais enregistrée en tant de paix.