Décompte - 231 filles ont été enlevées en 2012 au niveau national dans le milieu urbain contre 293 en 2011 selon la Gendarmerie nationale. 219 sont menacées et 260 ont été victimes d'attentats à la pudeur durant les dix premiers mois de l'année en cours, a affirmé, Mme Razika Chelbi, capitaine de la Gendarmerie nationale. Ce sont les filles de moins de 18 ans qui sont les plus exposées au viol, au kidnaping et aux menaces, a-t-elle précisé. En outre, le bilan de la Police judiciaire a fait état de 7 422 femmes victimes de violence tous types confondus au niveau national et dans le milieu urbain durant les dix premiers mois de cette année. Ce phénomène n'a épargné aucune catégorie de femmes, les femmes sans emploi, les femmes au foyer, les cadres, les employées, les universitaires, âgées entre 19 et 75 ans, a précisé la commissaire principale à la direction de la Police judiciaire, Kheïra Messaoudène, lors d'une journée d'étude sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes, organisée, hier, à l'université d'Alger. 34 116 d'entre elles sont mariées, 1 913 célibataires, 780 divorcées et 525 veuves, a encore indiqué Mme Messaoudène. Parmi ces victimes 5 517 ont subi des violences physiques, dont 1 605 victimes de mauvais traitements et 9 autres d'homicides volontaires. Selon le même bilan, la plupart des agressions se passent à l'intérieur de la maison le soir, soit 3 477 cas recensés à domicile et 2 283 cas dans la rue, 1 057 dans les quartiers, alors que 44 autres à l'université. 99,14 % de ces violences sont l'œuvre des conjoints, des amants ou fiancés, des frères, des ascendants et des pères. Les époux viennent en tête des agresseurs avec 1 786 cas, suivis des fils qui ont violenté leurs mères avec 523 cas, puis des frères qui ont violenté leurs sœurs, 401 cas. Les wilayas les plus touchées par ce phénomène sont Alger qui arrive en première position, avec 1 278 cas de femmes victimes, suivie d'Oran avec 644 cas, puis de Guelma avec 258 cas. Cependant, la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme a estimé que «la violation des droits de la femme en Algérie est en recul». Pour preuve, dira-t-elle, «le nombre de femmes universitaires et celles qui occupent des postes clés au gouvernement augmente d'année en année». la situation en matière des droits des femmes n'est pas aussi catastrophique en Algérie qu'elle l'est dans d'autres pays. «Le colonialisme et la décennie noire ont eu des répercussions désastreuses sur la situation sécuritaire du pays, faisant des femmes les premières cibles», a signalé la ministre. «C'est la politique de la réconciliation nationale qui a permis la mise en place d'une politique de développement ayant permis aux femmes d'intégrer les instances politiques», a-t-elle enchaîné. Saisissant cette occasion, Mme Souad Bendjaballah a appelé les femmes à s'intégrer davantage dans les mouvements associatifs et dans les syndicats pour éviter d'être vulnérables. Rappelons que l'Algérie a adhéré à la stratégie de lutte contre la violence à l'égard des femmes établie par l'ONU, et a, également, consenti à la stratégie de lutte instaurée par l'Union africaine sur une période de trois ans (2009-2012). Inceste : 5 cas en 10 mois Le phénomène de l'inceste continue de faire son lot de victimes en Algérie. Selon la Police judiciaire 5 cas ont été recensés en 2012. Les auteurs des actes incestueux dans ces cas étaient le père, le frère, l'oncle et le fils. Au total, les mêmes services ont enregistré 300 femmes victimes de viol, de harcèlement sexuel et d'inceste durant les dix premiers mois de l'année en cours. Il s'agit de femmes âgées de 19 à plus de 75 ans, dont des femmes mariées, célibataires, mères de familles, divorcées, employées ou sans profession. Ces chiffres ne reflètent pas la réalité puisque beaucoup de femmes déposent des plaintes mais elles les retirent par la suite de peur d'être rejetées par leurs familles ou par la société en dépit de leur statut de victime. «Nombreuses sont les femmes qui ne reviennent pas, par la suite, pour déposer le certificat médical exigé dans ce genre de cas», a affirmé Mme Messaoudène. Pour elle, les femmes violentées continuent de souffrir en silence du fait que «dénoncer ces actes reste encore un tabou dans notre pays».