Phénomène - Le XVIIIe arrondissement à Paris est devenu, par la force des choses, une caverne d'Ali-Baba où sont proposés tous les produits de «là-bas». Les temps changent. Et les mœurs aussi. Il y a une cinquantaine d'années par exemple, lorsque les émigrés repartaient chez eux après avoir passé un mois de vacances en famille et avec leurs amis, leurs valises étaient plus lourdes qu'à leur arrivée. Ils y fourraient leurs cadeaux, les photos souvenir des fêtes et des mariages auxquels ils avaient assisté, les disques de leurs chanteurs préférés et surtout les épices du pays dont ils ne trouvaient jamais l'arôme en France. Quant aux épouses originaires du centre du pays, elles faisaient littéralement main basse sur tout ce qu'elles n'avaient aucune chance de trouver dans une grande surface, tels le «frik», la «tchouina», les «maqaroune laama», les «diouls», etc. Depuis les années 90 et face à la demande de plus en plus croissante des émigrés, le XVIIIe arrondissement à Paris est devenu, par la force des choses une caverne d'Ali-Baba où sont proposés tous les produits de «là-bas». On trouve même de la limonade Hamoud Boualem. Cela dit, on pourrait croire que nos expatriés, en principe, devraient désormais revenir dans leurs banlieues avec des valises plutôt modestes puisqu'ils ont tout en île de France. Détrompez-vous. Depuis que l'euro a grimpé et que le dinar a singulièrement baissé, les émigrés pendant leurs congés, raflent tout l'électroménager qui leur fait défaut et qui est hors de prix dans l'Hexagone. Mieux, depuis une année, et c'est une tendance qui prend de l'ampleur, ils emportent dans leurs bagages ...«l'air du pays». Ils enregistrent sur leurs portables en effet les brouhahas des marchés, les boniments des vendeurs occasionnels et même les scènes de dispute. Ce phénomène se confirme de jour en jour si l'on en croit les marchands de fruits et légumes de la rue de la Bastille à Oran.