Résumé de la 1re partie - Le rêve de Atika se concrétisa. Seddik, le cousin de son père, venait de mourir dans d'atroces conditions. Sa femme était son bonheur et son porte-bonheur. Il venait de la surprendre avec son supérieur, son meilleur ami. Il l'adorait de jour en jour, car non seulement elle souriait tout le temps, mais elle était la joie de vivre elle-même, même quand elle avait de la peine. Peine immense quand elle perdit son père, ses deux jeunes frères et sa sœur dans un accident de voiture. Elle craqua. Quelque chose en elle se cassa, elle sentit que c'était irrémédiable. Elle ne pouvait se l'expliquer, comme si plus rien n'avait de valeur à ses yeux... Romela était devenue tellement réservée qu'elle ne parlait même plus à Seddik de ce qu'elle ressentait. Elle ne lui en parlait pas parce qu'elle ne voulait pas le préoccuper, parce qu'elle savait qu'il laisserait tout tomber pour elle, et en ce moment-là, sa fonction lui prenait tout son temps. Il était connu pour son acharnement au travail, pour son intégrité et surtout pour sa serviabilité. Sa gentillesse lui a valu de laisser son ami monter au grade de «commandant», alors que du point de vue mérite, cela lui revenait de plein droit. Il se disait que dans un ou deux ans, il aurait acquis le même grade. Il ne s'en faisait pas pour autant. Son amitié pour Lahcène comptait beaucoup plus à ses yeux. Il était comme son frère, le recevait chez lui comme tel, il aimait ses enfants autant que les siens, sa maison n'avait pas de secrets pour lui et vice-versa. Son épouse, une petite femme ronde, effacée, sans problèmes, mais dont le regard en disait plus long que la langue. Un jour, Seddik était debout devant le poste de gendarmerie, la femme de Lahcène passa et lui fit un signe du regard. Il comprit qu'il devait rentrer chez lui tout de suite pensant que sa femme avait besoin de lui, et c'était là qu'il avait découvert les deux amants en flagrant délit d'adultère. Le film de sa vie défilait encore devant ses yeux hagards, sa respiration haletante, tandis que son ami Lahcène prit tout son temps pour se rhabiller, donna une petite tape sur le genou droit de la femme pour la rassurer : il parlerait à Seddik, ce dernier ne ferait rien pour éviter le scandale et il sortit sûr de lui. Il trouva le mari devant la porte, les bras ballants, abattu, d'une pâleur virant au verdâtre, le moindre souffle l'aurait étalé par terre. Son «ami» pointa son index droit vers lui et lui dit : «Si tu fais quoi que ce soit, je dirai à qui veut l'entendre que tu as agi ainsi par jalousie par rapport à ta femme qui est très belle et que tu n'as jamais supporté l'idée que quelqu'un d'autre la regarde, et par rapport à moi parce que j'ai eu un grade que tu n'as pas eu, je pourrai te tuer et invoquer la légitime défense.» Seddik reçut la menace comme un coup de poing en plein visage qui, au lieu de l'assommer, le réveilla. Il prit sa voiture et démarra comme un fou. Il élabora mille et un plans, mais aucun ne lui donna satisfaction. Il était homme à réfléchir longuement avant de prendre une décision. Il voulait surtout prendre le temps de savourer sa vengeance. A cet instant précis, ses neuf enfants vinrent s'aligner devant ses yeux comme un bouclier, un rempart. Non, non, il ne ferait rien, rien, sinon divorcer. Il ne pouvait nier qu'il avait aimé cette femme, elle était unique à ses yeux. Au nom de cet amour, de ces inoubliables années passées ensemble, et surtout pour ses enfants, il ne ferait rien. Il ne cessait de se répéter qu'il ne ferait rien, qu'il ne ferait rien. Au petit matin, il revint chez lui plus calme, il trouva la porte de sa maison ouverte, ses enfants dormaient çà et là et le dernier-né allongé à même le sol. Il le prit dans ses bras, il était glacial, le mit au lit et l'enveloppa d'une couverture, puis il réveilla son fils aîné pour lui demander de mettre au lit ses frères et sœurs. Tout en se frottant les yeux, son fils lui dit : «Maman est partie hier soir avec oncle Lahcène elle a pris toutes ses affaires.» Il rentra dans sa chambre, ressortit immédiatement transformé par la colère, par la douleur, il n'était plus lui-même. Hagard, il frappa chez la voisine et lui dit d'une voix inaudible de garder les enfants jusqu'à la venue de sa sœur, et il se précipita à son bureau. Une fois sur place, il s'arma de deux revolvers chargés et prit la direction d'Alger. (A suivre...)