Potentialités - Au village d'Aït Ouabane, relevant de la commune d'Akbil (80 km à l'extrême sud de Tizi Ouzou), des femmes continuent de cultiver leurs potagers pour subvenir à leurs besoins en légumes de saison. Les habitants d'Aït Ouabane, un village enclavé au creux d'un ravin, en plein cœur du parc national du Djurdjura, ont su mettre à profit les potentialités de leur environnement naturel pour créer des richesses et des conditions nécessaires à leur quotidien. Une équipe de l'APS qui s'est déplacée sur les lieux, nous rapporte de belles images. La terre ocre, riche en fer, et la disponibilité d'une eau souterraine qui jaillit en de nombreuses sources ou captée par la réalisation de puits, constituent, à cet égard, les premiers atouts ayant permis aux Aït Ouabane de cultiver et d'irriguer leurs jardins pour produire de magnifiques légumes et fruits consommés localement ou cédés dans les villages voisins de la région. Cette culture vivrière, exclusivement féminine, et qui était répandue dans tous les villages de Kabylie, et même dans les villes pour ceux qui ont la chance d'avoir un petit jardin, n'est cependant pratiquée aujourd'hui que par des femmes âgées dans de rares hameaux et villages, à l'exemple de celui d'Aït Ouabane. «Jadis à Aït Ouabane, chaque maison avait son potager», se souvient Tassadit, une cultivatrice âgée de 75 ans. Elle ajoute fièrement qu'elle ne se rend jamais au marché pour acheter des légumes. Djouher, sa belle-mère, âgée de 90 ans, se souvient qu'avant, «les chefs de famille se rendaient au marché hebdomadaire, uniquement pour acheter des produits que les femmes ne pouvaient pas faire pousser dans leurs jardins, tels que le café, le sucre et la viande». Elle ajoute même que lorsque la récolte était abondante, des fruits et légumes étaient offerts aux voisins et aux proches. Cette dame se souvient encore de l'époque «bénie» où de belles courges, des grenades, des figues fraîches et même des cerises étaient offertes. «Aujourd'hui, la vie est chère et nous avons appris à vendre nos produits, y compris ceux que l'on considérait, jadis, comme offerts par la nature, tels que les grenades», ajoute-t-elle avec beaucoup d'amertume. Navets, carottes, courges, piments, pommes de terre, haricots, les femmes d'Aït Ouabane en produisent dans leurs jardins, de petits lopins de terre mitoyens à leurs habitations ou dans leurs champs. «Cette culture vivrière, dictée par la pauvreté que vivaient les habitants de la région durant l'époque coloniale, vise à assurer aux familles une autosuffisance alimentaire relative», explique M. Ouazi, un habitant du village d'Aït Ouabane, aux journalistes de l'APS. Pour ce jeune le retour à ce type de culture est à «encourager pour faire face à une société de consommation de plus en plus exigeante, et aller vers un comportement productif «.