Tueuse - Le 15 septembre, la tempête tropicale, Jeanne, est sur la route de Haïti, et son avancée est aussi certaine qu'elle prend de la puissance d'heure en heure... Après avoir croisé Porto Rico, elle passe au sud des îles Vierges. Jeanne atteint alors le niveau de cyclone de catégorie 3 à l'approche de la pointe-est de la République dominicaine, sur l'île d'Hispaniola. Elle retombe au statut de tempête tropicale le même jour lors de sa lente traversée sur la terre et continue ainsi le 17 septembre avant de rejoindre la mer en fin d'après-midi. Jeanne décline alors d'un cran supplémentaire, en dépression tropicale. Néanmoins, bien que ne touchant pas directement Haïti, la tempête est assez grosse pour causer de fortes précipitations à l'origine des inondations et des coulées de boues dans le nord-ouest montagneux de l'île. En effet, le passage de Jeanne en ce début d'automne, provoque de fortes pluies (330 mm) qui déferlent sur les montagnes du Nord d'Haïti causant de graves inondations et des coulées de boue dans l'Artibonite. Les dommages sont particulièrement graves dans la ville côtière des Gonaïves, touchant 80 % des 100 000 habitants. Les pluies sont si intenses que pendant plusieurs jours les autorités haïtiennes déclarèrent avoir perdu trace de l'île de la Tortue. En ce début d'automne, c'est «la fin du monde» qui touche cette île des grandes Antilles, comme l'écrira un célèbre éditorialiste dans un quotidien local. «Les arbres se sont mis à se casser comme des allumettes, les vents étaient tels que des voitures flottaient. On aurait dit qu'il n'y avait plus de gravité.» Les quelques infrastructures existantes sont complètement dévastées. Considéré comme le pays le plus pauvre du continent américain où 85 % des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté dont 54 % dans la pauvreté la plus totale, c'est un autre défit auquel cette population doit faire face. Il faut savoir aussi que plus d'un Haïtien sur quatre est sous-alimenté, soit un million neuf cent mille personnes, selon un rapport du Conseil national de la sécurité alimentaire (CNSA) haïtien. Sans compter que sa situation géographique fait qu'Haïti est l'un des pays les plus exposés et les plus vulnérables aux catastrophes naturelles. Ces dernières qui font vivre, à chaque saison tropicale, le pire aux populations. Dès lors, étant donné qu'il sera impossible de déblayer tous les gravats du fait du coût, les autorités haïtiennes optent pour la reconstruction de plusieurs quartiers, cette option s'avérant moins coûteuse. Jeanne fera, lors de son passage sur «la montagne dans la mer», près de 5 000 victimes, dont 2 862 dans la ville des Gonaïves, alors que son regard se tourne déjà vers... les côtes de Floride (Etats-Unis)... Lire demain : «Etats-Unis : les dernières heures de ‘'la Veuve noire''»