Solution - En cachette de l'aïeul occupé à ses affaires, le bébé sera allaité par la voisine qui avait, elle aussi, un nourrisson... Sauf que cette voisine était juive. C'est en 1942, en pleine Seconde Guerre mondiale que cette histoire s'est déroulée. Elle a eu lieu dans un petit village de la steppe au sud du pays. Ce hameau d'architecture typiquement française, était composé d'une église, d'une école avec un préau, d'une prison civile, d'un palais pour juge de paix, d'une mairie avec un toit en ardoise et, bien sûr, de quelques bars pour colons, tous alignés face à la place centrale. Lorsque le bébé vint au monde dans la famille aisée des Benferah, ce fut la fête pendant au moins trois jours. Il était en fait le premier petit-fils de l'aïeul, du chef de famille Si-Abdelkader. Dix personnes vivaient dans sa maison : son épouse, son fils et sa femme, sa fille divorcée, ses deux enfants issus d'un second mariage, ses deux belles-sœurs et une nièce. Ce nourrisson était non seulement le bienvenu mais il était le poupon et la poupée de tout le monde. On se l'arrachait littéralement des mains pour lui faire des câlins. Mais le bébé souffrait le martyre car le sein de sa mère était presque tari et le lait coulait difficilement. L'aïeul trouva une solution originale : il acheta une chèvre, la confia à un berger qui devait la faire paître le matin et la ramener le soir. La chèvre, étant à ce moment-là repue, les femmes lui écartaient alors les pattes dans la cour et mettaient le bébé allongé sur un oreiller placé sous ses mamelles. Le bébé pouvait commencer à téter. Au bout d'une demi-heure il était généralement rassasié. Mais le problème n'était pas réglé pour autant car si la chèvre suppléait la maman l'après-midi, il fallait trouver une alternative pour le matin. C'est la grand-mère qui trouvera la solution. En cachette de l'aïeul, occupé à ses affaires, le bébé sera allaité par la voisine qui avait, elle-aussi, un nourrisson... Sauf que cette voisine était juive. Lorsque le grand-père découvrit le pot aux roses, il entra dans une colère folle et menacera tous les membres de la famille des pires atrocités. C'est l'imam du village qui mettra un terme à cette affaire en précisant qu'il s'agissait là d'un acte d'assistance à personne en danger et qu'il n'y avait pas lieu d'en faire tout un plat...