Labeur - La zone industrielle où il exerce en qualité d'agent de sécurité étant loin de la ville, il est obligé, le pauvre diable, de se rendre à pied dès l'aurore, d'emprunter des raccourcis et de faire du stop le cas échéant. Qui a dit que les voleurs n'avaient pas de cœur ? En général quand ils coincent des passants isolés ou qu'ils pénètrent dans un domicile par effraction ce n'est pas pour faire des câlins à leurs victimes. Bien au contraire. Car souvent ce genre d'opération se termine de façon dramatique. N'a-t-on pas tué un honnête citoyen parce qu'il refusait de céder son téléphone portable ? Cette histoire a eu précisément un brave travailleur pour personnage. Son malheur : s'être trouvé au mauvais moment et au mauvais endroit, mais sa bonne étoile l'a finalement sauvé... Abdelkader fait partie de cette cohorte d'employés anonymes qui doivent prendre leur service à 7 heures du matin pour assurer la relève dans leur entreprise. La zone industrielle où il exerce en qualité d'agent de sécurité étant loin de la ville, il est obligé, le pauvre diable, de se rendre à pied dès l'aurore, d'emprunter des raccourcis et de faire du stop le cas échéant. C'est sur un chemin cahoteux et sans lumière qu'il sera abordé par deux jeunes gens encagoulés. L'un le menacera d'un couteau et l'autre lui posera carrément la lame de son sabre sur la gorge. Tétanisé par ce qu'il lui arrivait, Abdelkader se laissa fouiller sans broncher, sans dire le moindre mot. Dans la poche de droite, les voyous trouvèrent 200 dinars qu'ils confisquèrent immédiatement et dans l'autre un chapelet de prières. — Fais-tu la prière ? lui demanda le plus âgé sur un ton nettement moins menaçant — Oui, répondit-il — Comment comptes-tu te rendre à ton travail ? — A pied, je n'ai plus d'argent — Tiens 50 dinars, reprendra celui qui n'avait pas encore parlé, excuse-nous «chibani». Si on avait un boulot nous ne serions pas obligés d'agresser les gens, fais attention le matin quand tu sors pour aller au travail.