Organe - «Le dossier Sonatrach est entre les mains de la justice, nous n'en avons, pour l'heure, pas encore été saisis.» C'est ce qu'a affirmé ce matin à la chaîne trois de la radio nationale, Abdelmalek Sayah, directeur général du tout nouvel organe de lutte contre la corruption, opérationnel depuis hier : l'Office central de répression de la corruption (OCRC). «L'affaire est entre les mains de la justice. Pour l'heure, ni l'OCRC ni la police judiciaire n'ont le droit d'interférer dans ce dossier. Les mis en cause restent, selon la loi, innocents jusqu'à ce que leur culpabilité soit avérée.» Ainsi, l'OCRC constitue un nouveau jalon dans la mise en place et le renforcement des instruments de lutte contre la corruption en Algérie, un fléau ancien, mais qui connaît une ampleur exceptionnelle, selon les aveux de l'office lui-même. «En tant que magistrat, je connais les affaires de corruption depuis plus de 30 ans. Je pense que ce fléau a pris une ampleur jamais égalée, vu le nombre et le préjudice dans chaque dossier», a reconnu celui qui est désormais le directeur général de l'OCRC, Abdelmalek Sayah, à l'issue de la cérémonie d'inauguration du siège de ce nouvel organe. Dès lors et dans un contexte marqué par des scandales de corruption, des crimes, touchant même des compagnies publiques stratégiques, le rôle d'une telle institution ne sera sans doute pas de trop. «La corruption est avérée....on est justement là pour remédier à ce problème. Les textes existent, les moyens existent et la volonté politique existe...il faut donc être serein sur cette question», a lâché M. Sayah. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui a assisté à l'inauguration du siège, a reconnu que la corruption représente un «crime préjudiciable qui ronge l'économie nationale» et qui nécessite le développement de nouveaux mécanismes de répression, d'où l'importance de l'OCRC. L'entrée en activité de cet organe est une «réponse à l'opinion publique nationale et internationale et une preuve que l'Etat algérien est déterminé à combattre la corruption», a insisté le premier argentier du pays en se disant confiant quant à «la capacité de l'office à traiter les dossiers (de suspicion de corruption) avec rigueur et professionnalisme». Mais pour réussir un tel challenge, les citoyens et les responsables à tous les niveaux doivent être «vigilants» pour pouvoir dénoncer tout dépassement touchant à l'argent public, a-t-il enfin recommandé. Fiche technique L'OCRC est composé d'officiers de police judiciaire, de magistrats, de greffiers et de représentants de plusieurs autres administrations. Il est chargé de la collecte, la centralisation et l'exploitation de toute information relevant de son champ de compétence, la conduite des enquêtes et la recherche des preuves sur les faits notamment des «grandes affaires» de corruption et la présentation de leurs auteurs devant le parquet. Il vise, en coopération avec les organismes similaires, à assurer une action «coordonnée et complémentaire» en matière de sécurité financière à travers une coordination renforcée avec les autres organes de contrôle, tels que la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF), l'Inspection générale des finances (IGF) et les Commissions nationales des marchés. Administrativement rattaché au ministère des Finances, l'office peut recourir à l'autosaisine en exploitant les informations rapportées par la presse ou par d'autres sources comme il peut être saisi par l'IGF, la CTRF, les services de police ou les simples citoyens.