Dispositif - Le projet des mesures d'urgence concernant la prévention des enlèvements d'enfants sera «présenté au gouvernement la semaine prochain»". C'est ce qu'a fait savoir hier un membre du groupe de travail chargé de la mise en place de mesures de lutte contre le phénomène d'enlèvement des enfants, M. Abderahmane Aarar, qui préside le réseau algérien de protection des droits de l'enfant "Nada". Parmi les mesures proposées, M. Aarar a cité celles relatives au système d'alerte et les campagnes nationales de sensibilisation en direction d'enfants et de leurs familles au niveau des écoles, des quartiers et des espaces publics. Dans le même contexte, M.Aarar a indiqué que les membres du groupe étaient unanimes sur le fait que «80% des causes du phénomène d'enlèvements d'enfants en Algérie étaient d'ordre social» mettant l'accent sur la nécessité de solutions basées sur cet aspect. Les corps de sécurité qui sont appelés à redoubler d'efforts dans le sens d'une lutte plus efficace, ont depuis quelques années déjà lancé leurs numéros verts respectifs. Ainsi et concernant les forces de police, c'est le numéro vert 15.48 que tout le monde peut joindre 24h24 qui domine ce plan de lutte. Rien que pour le mois de février 2013, près de 31 442 appels ont été réceptionnés sur ce numéro. Mais au vu de la vague d'enlèvements sans précédent que connaît le pays ces dernières semaines, d'autres dispositifs sont appelés à voir le jour. Ainsi, pour la gendarmerie nationale, en sus du numéro vert 10.55, déjà opérationnel depuis deux ans, c'est vers un dispositif d'alerte enlèvement afin de mettre toutes les chances du côté des enquêteurs pour sauver les victimes que l'Institut national de criminalistique et de criminologie de la Gendarmerie nationale (INCC) se dirige. Selon le colonel Demane Debih Mohamed Lazher, le directeur d'études à l'INCC : «Ce plan est en cours de réflexion pour sa mise en place. Ce dispositif a vocation de déclencher une véritable chasse à l'homme que l'auteur d'un enlèvement déclenchera lui-même par son passage à l'acte. C'est un système d'actions coordonnées de recherche et de communication pour chasser l'auteur jusqu'à son arrestation», explique-t-il. Selon les derniers chiffres du commandement de la gendarmerie nationale, ce dernier a enregistré, durant ces deux dernières années, 2 903 425 appels téléphoniques via le numéro vert 10.55 mis à la disposition des citoyens. Intervenant lors d'une conférence de presse organisée dimanche à Alger, le Directeur de la Sûreté nationale au Commandement de la Gendarmerie nationale, le Colonel Mohamed Tahar Benaamane, avait indiqué que parmi ce nombre élevé d'appels, 12 605 ont été reçus via le numéro vert pour dénoncer des menaces contre des personnes ou des biens. De plus, 84 633 appels de détresse ont été enregistrés. En quoi il consiste Les spécialistes sont formels : «Les premières heures de l'enlèvement sont déterminantes pour secourir les enfants enlevés». C'est au vu de ce constat que beaucoup de pays aujourd'hui ont adopté «Le plan alerte enlèvement». Ce dispositif a en effet déjà fait ses preuves ailleurs et a permis de sauver plusieurs vies. En France, à titre d'exemple, le dispositif permet la diffusion, durant trois heures, d'un message d'alerte sur les chaînes de télévision, les radios, les agences de presse, sur les sites internet ou dans les gares. Plusieurs critères, très stricts, doivent être réunis : il faut être en présence d'un enlèvement avéré et non d'une simple disparition, même inquiétante. Il faut aussi que la victime soit mineure et que sa vie ou son intégrité physique soit en danger. Il ne s'agit évidemment pas de déclencher l'alerte à chaque fois que des parents s'inquiètent pour leurs enfants mais de mettre en place en Algérie un véritable mécanisme qui puisse permettre non pas de retrouver des corps sans vie, mais d'arracher des mains des assassins des enfants enlevés.