Rencontre - Il y avait de l'amour et de la passion dans le jeu mené par le quintette Hijaz. L'Orient allant à la rencontre de l'Occident, ou le contraire. Peu importe. L'essentiel, c'est le moment, l'instant de cette rencontre à l'ambiance originale, faite de sonorités fluides et syncrétiques, et ce, grâce au jeu sensationnel et mélangé du quintette Hijaz. Cette formation, qui s'est produite jeudi à la salle Ibn Khaldoun, a convié le public à un étonnant voyage dans un ailleurs toujours merveilleux et saisissant, sur des airs jazzy et sur des sons générés par le 'oud. Il y avait effectivement une réciprocité musicale (un dialogue, un échange...) dans ce spectacle, plutôt dans ce récital tout en poésie musicale initié par l'établissement Arts et culture. Cette performance musicale alliait extraordinairement la franchise, le naturel et l'alacrité du jazz à la beauté, à l'entrain ou à l'authenticité du 'oud. C'était un jeu plein de joie, de réjouissance musicale par lequel s'est admirablement illustré le quintette. Ce même jeu entraînant, évoluant dans une diversité musicale équilibrée, mélodique, a été rehaussé, rendu fervent et davantage exultant par la voix aussi bien poignante qu'attrayante de la chanteuse tunisienne Abir Nasraoui. Celle-ci a su emporter le public, sans le moindre défaut ou une quelconque dissonance vocale, avec ses propres interprétations, toutes arrangées habilement et d'une toute autre manière par le groupe qui, avec une instrumentation moderne et traditionnelle, cherche à «synthétiser une actualité musicale dans un regard décomplexé vers l'autre, décidant qu'un héritage et qu'une influence doivent non pas s'opposer mais s'affronter...» En effet, de sa voix sensuelle, transparente, éclatante et rafraîchissante, Abir Nasraoui a conféré à la composition musicale un timbre charnel – notons qu'à la fin du spectacle, elle a rendu un hommage Rabah Driassa, en interprétant ‘Nedjma el qotbya'. Le quintette, aux influences multiples, a présenté une musique arabe ou maghrébine dans sa version contemporaine, il laisse libre cours à son inspiration, celle remarquablement ponctuée par un rythme fluide, novateur et insaisissable. Combinant savamment et avec beaucoup de sensibilité des résonances modernes aux euphonies traditionnelles, Hijaz, une formation hétéroclite, née de la collaboration entre le luthiste tunisien, Adhoum Moufadhel, et le pianiste gréco-belge, Niko Deman, a donc proposé au public, malheureusement très peu nombreux, une version revisitée de la musique arabe à la croisée des inspirations occidentales. Il a su proposer une belle expérience musicale, relevée et esthétique. Il a su, en conséquence, retranscrire dans sa composition une vision musicale poétique, loin de tout cliché réducteur. C'est ainsi qu'aux vibrations du 'oud se mêlent résolument, avec brio, et dans un apport étoffé et imaginatif les touches du piano, le tout émaillé d'un assortiment harmonieux de percussion, de batterie ou encore de contrebasse. Ces différents instruments ont permis de tisser une toile sonore éclectique, colorée, lumineuse, accorde...Il y avait de l'amour, de la passion dans le jeu, un jeu qui plaît, simplement, il séduit.