Notes n Abir Nasraoui, l'une des voix contemporaines de la chanson tunisienne, a donné un beau récital, hier, à la salle Ibn Zeydoun. Abir Nasraoui, à la fois une authentique maestria et une belle diva, s'est distinguée, tout au long du récital, par une extraordinaire performance musicale et une geste vocalique unique, exceptionnelle. Le plus accrocheur et saisissant dans ce récital, animé avec autant de pureté féminine que de ferveur scénique, c'est que l'artiste a allié une étonnante interprétation musicale et une présence remarquable. Telle une déité carthaginoise, Abir Nasraoui – un nom résonnant comme une douce rime, joliment inspirée de la pure tradition poétique arabe – s'est illustrée, en effet, sur scène grâce à sa voix suave, précieuse, éclatante et cristalline. Réputée pour son éclatante beauté et son air tantôt profane tantôt mystique, Abir Nasraoui s'est distinguée, lors de sa prestation musicale qui est une performance, d'une manière naturelle et franche sur scène : elle a dominé d'une façon incontestée l'art du chant, un art qu'elle a assuré avec noblesse et élégance. Figure de proue de la nouvelle génération de jeunes chanteurs, l'artiste nostalgique de l'authenticité est aussi une passionnée de la créativité. Dans son chant souvent empreint d'intimité et parfois de lascivité, elle associe avec une extraordinaire imagination et une profonde sensibilité, deux styles musicaux, le traditionnel et le moderne. S'étant imposée depuis quelques années comme une figure émergente – et prometteuse – de la nouvelle chanson arabe, Abir Nasraoui, originaire de la petite ville de Kasserine, non loin de la frontière algérienne, et ayant grandi dans une famille de mélomanes, a joliment interprété une chanson syrienne comme elle a gratifié le public, nombreux et attentif, de quelques chansons puisées dans le répertoire tunisien. Ensuite, elle a interprété, à la surprise de l'assistance, deux chansons de Rabah Driassa, à savoir Nedjma Kotbia et Talat El-ghorba aliya. Si le chant de Abir Nasraoui est aéré et inspiré, c'est parce qu'elle l'a confronté à diverses influences : elle s'inspire du patrimoine musical local et des grands standards de la chanson arabe des années cinquante, mais elle s'imprègne également des musiques occidentales classique et moderne. Le tout – il s'agit d'une nomenclature de plusieurs références musicales – fait de son chant une particularité et confère à sa voix, laquelle revêt des qualités de clarté et de fluidité, du caractère et de la personnalité. A cela s'ajoutent son charme exceptionnel et sa belle prestance. Son chant traduit une lucidité et une pertinence, une finesse comme une élégance dans l'interprétation vocalique. Ainsi, chantant l'amour et la beauté et même l'éternité, Abir Nasraoui, pleine de vie, a donné un beau spectacle qui s'est présenté tel un sublime voyage à travers une voix pleine de charme, de finesse et d'émotion. A signaler enfin que cette soirée musicale a été programmée à l'initiative de l'Agence algérienne du rayonnement culturel.