De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Jazz oriental et blues à odeur «du bled» ont été à l'affiche de la 3ème soirée de Dimajazz. Le groupe Hijaz (Belgique/Maghreb) donnera le ton au spectacle. Moins impressionnante au départ, la formation saura vite remonter. La fusion ne s'était pas imposée dans les premières mesures. Seul le luth du compositeur tunisien Moufadhel Adhoum prédominait. Les voix étaient quelque peu noyées. Et les premières notes du pianiste représentant la portée jazz se refusaient «la douce harmonie». Mais le public ne tardera pas à percevoir le fond des compositions somme toute «issues» d'une recherche approfondie. La formation a interprété Sidi Boussaid, Chuchotement, To my friend et bien d'autres morceaux qui ont trouvé une bonne appréciation chez les mélomanes présents dans la salle. Un jazz oriental dont «l'orientalisme» prend toute sa place avec les performances techniques du luthiste qui explore toute la tessiture de l'instrument. Le public appréciera les prouesses techniques des percussions exécutées par le marocain Azzedine Jazzouli. Arias romantiques aux couleurs méditerranéennes avec des solos en oud, tantôt rythmiques accentués par la basse. La musicalité transportera les mélomanes adeptes du genre dans un univers «fictif» jalonné par la créativité de Moufadhel. Néanmoins, cette exploration n'aura pas été du goût de tous les mélomanes. «Je préfère écouter l'oud en solo avec la percussion», dira un jeune lycéen, alors que d'autres personnes ont soutenu avoir apprécié le spectacle. «Ce n'était pas vraiment la perfection, mais c'est bon dans l'ensemble. On découvre un autre genre de fusion», diront des jeunes rencontrés après le spectacle dans le hall du palais de la culture. Toutefois, on remarquera qu'il y en avait qui ont quitté la salle bien avant le finish, car trouvant la prestation tout juste bonne pour «un concert en off». La soirée se poursuivra avec l'algérien Amar Sundy, bluesman aux tendances musicales targuies et sahraoui. Il enflammera la scène avec sa guitare électroacoustique. «Je cherche à être authentique. Et La seule façon de l'être, c'est de laisser tout venir en moi jusqu'au moment où le corps devient souffrant et ne résiste plus à délivrer le message dont il est porteur», dira le bluesman algérien qui a sillonné l'Europe et est allé à Chicago pour s'imprégner du genre. «En Amérique mon exploration était moins ardue qu'en Europe» a-t-il révélé, car il y trouva des musiciens «authentiques» qui lui ont livré quelques secrets de cette tendance bluesy. Pas autant blues qu'on croit ! La scène a vibré et s'est enflammée par des sonorités rythm'n blues avec une coloration vocale bien algérienne. Le public, en grande partie des jeunes de moins de 30 ans, a apprécié les airs interprétés par l'artiste en compagnie de son groupe français dont le bassiste Vincent Noiret. Toutefois, des airs qui revenaient en boucle ont fini par pousser quelques présents à quitter la salle. Il faut signaler pour cette 9ème édition du Dimajazz connaît une affluence «légèrement» réduite par rapport aux précédentes. Ce n'est pas les prix des billets qui semblent avoir repoussé les mélomanes, car, jusqu'à preuve du contraire, ils sont relativement étudiés allant de 100 à 400 DA. Et le palais de la culture dispose de plus de 200 places supplémentaires par rapport au théâtre qui accueillait précédemment le festival. «Cette année, on n'a pas confectionné des invitations», indique un des organisateurs. Il reste quatre soirées pour mesurer l'impact de cette édition. Au programme de la soirée d'hier Marc Ducret (jazz rock) et un autre groupe dans cette lignée avec une touche celtique Keltic Tales. Les deux groupes viennent de France. Le off devait être animé par le groupe Oxygène world de Skikda.