Témoignage n Un jour, le roi Pelé avait déclaré qu'un autre roi existait et s'appelait Hassen Lalmas. Il a indiqué que ce roi régnait sur le Maghreb et était l'un des meilleurs, pour ne pas dire le meilleur footballeur algérien de tous les temps. Il y a quelques jours, l'état de santé de Hassen Lalmas avait suscité l'émoi de sa famille et des anciens qui l'ont connu et l'intérêt de la presse qui a rappelé le temps de quelques articles qui était ce monstre du football algérien des années soixante. Celui qui a été élu footballeur du siècle dernier et qui a symbolisé, à lui seul, l'épopée d'un club, le CR Belouizdad (ex-Belcourt) au lendemain de l'indépendance. Avec le Chabab, Hassen Lalmas avait tout gagné : quatre championnats (1965,1966, 1969 et 1970), trois Coupes d'Algérie (1966, 1969 et 1970) et trois Coupes magrébines des clubs (1970, 1971 et 1972). C'est à l'OMR El-Anasser (ex-Ruisseau), club formateur par excellence à l'époque, que le jeune Hassen a fait ses débuts dans le football avant de rejoindre le grand Chabab avec sa pléiade de joueurs de génie que sont les Khalem, Achour, Selmi, Abrouk, Hamiti et autre Boudjenoun, pour ne citer que ces quelques noms qui ont marqué l'histoire et les esprits lorsque le football algérien se nourrissait de vraies valeurs et de passions. Lalmas était tellement doué que sa première sélection en équipe nationale est intervenue à l'âge de 19 ans sous la conduite du trio de rêve Firoud – Khabatou – Ibrir où il affronta les espoirs bulgares le 6 janvier 1963 au stade du 20-Août-1955 (2 à 1). Un an après, Lalmas marquera l'opinion en inscrivant un beau but au grand Lev Yachine, considéré comme l'un des meilleurs gardiens de but de tous les temps lors d'une rencontre contre la Russie (ex-URSS) qui se solda par un score de parité (2 à 2). Doté d'une forte personnalité, d'une excellente clairvoyance dans le jeu et de grosses qualités techniques, Lalmas a souvent dominé adversaires et coéquipiers ; imposé le respect, l'admiration et même la peur à chacune de ses sorties, notamment dans la compétition locale. Lalmas était également connu pour sa double détente légendaire qui fera longtemps des ravages dans les défenses adverses, face à des gardiens de renom, d'où son surnom de «bélier» (El-Kebch) et un sens du but inné pour un numéro dix trempé dans le pur style des grands de la balle ronde mondiale. D'ailleurs, il conserve jalousement le record des buts en championnat d'Algérie, celui des buts marqués en un seul match (14), comme il a été désigné meilleur joueur de la CAN-1968, la première de notre équipe nationale sous la houlette de Lucien Leduc. Son franc-parler et son tempérament quelquefois ombrageux, faisaient de lui un meneur sûr et hors du terrain, mais aussi un homme tranchant et entier à la fois. Après sa carrière au CRB, il fera un passage chez le voisin du NA Hussein-Dey auprès d'autres jeunes loups que sont les Fergani, Ighil, le défunt Kheddis, Guendouz. A. Salah-Bey