Il y a très très longtemps, un homme et son fils vivaient dans une cabane au fin fond des forêts éthiopiennes, là où personne ne va presque jamais. Autrefois, l'homme avait été marié mais sa femme était morte en donnant le jour à leur fils. Son chagrin avait été tellement grand qu'il décida de ne plus vivre parmi les hommes. Il voulait vivre seulement avec son chagrin et son fils Devi. Un jour, il s'enfonça profondément dans la forêt et y construisit une simple cabane pour eux deux. Devi grandit en solitaire. Son père lui apprit toutes les choses de la vie : à marcher, à parler, à chasser et à pêcher, mais hélas, Devi ne rencontrait jamais personne. Dans ce coin perdu de la forêt, il pouvait tout au plus apercevoir quelque voyageur égaré. Fort heureusement, père et fils s'entendaient bien. Le père de Devi était un homme bon et doux qui aimait beaucoup son fils. Il en était également très fier, car Devi devenait un beau jeune homme qui assimilait à merveille tout ce que son père lui enseignait. Lorsque Devi eut atteint l'âge de dix-huit ans, une sécheresse épouvantable s'abattit sur le royaume voisin d'Anga. La pluie n'était plus tombée suffisamment depuis plus d'un an et chacun commençait à s'inquiéter. Les fermiers se plaignaient de leurs champs asséchés et l'eau des rivières ne suffisait pas à étancher la soif de tous les habitants, à abreuver les animaux et à arroser les cultures du pays. La famine ne tarderait donc pas à s'abattre sur le pays tout entier. Le roi était au désespoir. Il avait convoqué plusieurs sages afin de le conseiller. L'un dit : — Que tous les hommes qui possèdent un âne aillent chaque jour chercher deux sacs d'eau dans la mer afin d'irriguer les champs. Un autre répondit : — Non, Sire, cela ne se peut, car l'eau de mer nuit aux plantes. Elles mourront tant à cause du sel qu'à cause de la sécheresse. Un autre encore voulait faire sortir tous les animaux du pays, afin qu'il y ait davantage d'eau potable pour les hommes et les cultures, mais le roi refusa à nouveau. Aucune des solutions proposées n'étaient bonnes. Il fallait tout simplement que de l'eau de pluie fraîche et limpide tombe du ciel pour que le pays tout entier en ait à nouveau suffisamment. — Sire, il n'y a qu'une seule solution, dit un conseiller âgé et sage. Cherchons un jeune homme pur et intact, un jeune homme qui n'ait jamais fait de mal et qui n'a que de bonnes intentions. Ramenons-le à Anga et il pleuvra. Les autres conseillers approuvèrent d'un signe de tête. Puisque seule de la vraie pluie pourrait satisfaire le roi, c'était la meilleure des solutions. (A suivre...)