Après les rassemblements de Laghouat, El-Oued et Tamanrasset, Ghardaïa observe, ce samedi, un sit-in «de la dignité». Cela alors que Ouargla a connu une fin de semaine particulièrement violente et se réveillait ce matin prudente, dans un calme précaire. Le Sud, en colère, veut en finir une bonne fois pour toutes avec la mal vie et l'exclusion. A Ouargla, la capitale du pétrole algérien, un calme précaire régnait ce samedi matin après trois jours de violentes émeutes, opposant des citoyens aux forces de l'ordre. A l'origine de la colère, l'affichage, mercredi, de la liste des bénéficiaires de 673 logements sociaux, laquelle comportait les noms de plusieurs indus bénéficiaires selon les protestataires. Les violences de la journée de jeudi qui se sont poursuivies durant la nuit dans certains endroits de la ville, se sont soldées par le saccage de plusieurs édifices publics dont une aile de la daïra, la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance (Cnep), l'agence Mobilis et d'autres infrastructures. Pour disperser les manifestants, les éléments des forces anti-émeutes ont usé de gaz lacrymogènes. Les violents heurts se sont soldés par des blessés dans les deux camps. Tout au long de la journée d'hier vendredi, les commerçants ont baissé rideaux, plusieurs routes ont été coupées, des colonnes de fumée et des pneus enflammés étaient visibles de très loin. Comme première mesure d'apaisement, le wali de Ouargla a ordonné le gel de la liste des bénéficiaires ainsi que l'installation d'une commission d'enquête pour débusquer les éventuels indus bénéficiaires. Mais il n'y a pas qu'à Ouargla que le vent de la colère a soufflé. Ce sont en effet pratiquement toutes les villes du Grand Sud qui sont en ébullition ces derniers jours. La rue est ainsi devenue la seule tribune d'expression des milliers de jeunes. La lointaine ville de Tamanrasset, à 2 000 kilomètres au sud d'Alger, était, rappelons-le, le 10 du mois en cours, la mecque des chômeurs du Sud. Ils étaient plus d'un millier de jeunes sans emploi, selon les organisateurs, à avoir répondu à l'appel de la section locale du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), pour un rassemblement sur la place principale du centre-ville de Tamanrasset. Les jeunes chômeurs scandaient les slogans habituels et demandaient «leur part du développement». «Nous sommes décidés à faire valoir nos droits au travail et à la dignité», nous dira notre interlocuteur qui tient à rappeler que leur mouvement «restera pacifique et civilisé». A Laghouat, en mars dernier, des milliers de chômeurs avaient tenu, un rassemblement pour réclamer leur droit au travail. Au total, ce ne sont pas moins de 140 «manifestants» qui ont été arrêtés par les services de sécurité durant la période allant du 02 janvier au 10 avril 2013, dans différentes wilayas du Sud. Ils sont accusés d'attroupements et d'atteintes à l'ordre public. Sellal met en garde contre la manipulation A partir d'Oran où il effectuait une visite de travail, le Premier ministre a évoqué les émeutes de Ouargla. «Je n'arrive pas à comprendre. Le recours à la destruction des biens publics est-il le solution appropriée ?», s'est-il interrogé avant d'évoquer une probable manipulation de la part de «personnes malintentionnées». Assurant que lui, tout autant que le président de la République «sont animés de bonnes intentions», Sellal a avoué qu'une «bureaucratie à la peau dure complique la tâche» de son gouvernement, appelant à rétablir la confiance entre les citoyens et les autorités. Sit-in des chômeurs de Ghardaïa aujourd'hui A l'appel de la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs (CNDCC), les chômeurs de Ghardaïa ont prévu pour la journée de ce samedi, un sit-in à la place du 1er-Mai, du chef-lieu de la wilaya. «Le sit-in est pacifique et aucun dépassement ne sera toléré. Si dérapage il y a, les services de l'ordre porteront l'entière responsabilité», avertit Hamdan Abdesselem, porte-parole de la CNDCC dans la wilaya, dans une déclaration à la presse. Entre autres revendications, le comité des chômeurs demande l'ouverture d'enquêtes concernant les derniers appels d'offres d'emploi publiés par la Fonction publique au niveau de la wilaya de Ghardaïa, en plus de la démission du directeur régional de l'ANEM.