Depuis quatre jours, la ville de Laghouat est sous tension. La protestation a atteint son paroxysme, hier, avec une grève générale qui a paralysé la ville durant toute la journée. D'autres rassemblements de chômeurs sont aussi constatés à Ouargla et Skikda. Le motif de la mobilisation «citoyenne» à Laghouat est la hogra, comme nous l'indique Yacine Zaïd, membre de la section locale de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), joint hier au téléphone. «Des centaines de personnes se rassemblent, en effet, depuis quatre jours devant le siège de la wilaya», précise notre interlocuteur, qui nous apprend que la colère des citoyens est due à une distribution «injuste» de logements. «C'est la première fois, dans l'histoire du pays, que 26 membres de la même famille bénéficient d'un logement sur une liste de 98», s'étonnera Yacine Zaïd. En signe de solidarité donc avec les protestataires qui exigent que la lumière soit faite sur cette distribution «louche» de logements à des étrangers à la wilaya, les commerçants de la ville, l'ensemble des transporteurs ainsi que les professeurs ont fait grève, hier ,alors que des dizaines de chômeurs se sont joints au rassemblement qui se tient devant le siège de la wilaya. «Une dizaine de protestataires, des jeunes, ont été arrêtés avant d'être relâchés quelques temps après», précisera le militant des droits de l'homme, qui affirme que «dès l'arrestation de ces derniers, des centaines de jeunes ont encerclé le commissariat». Les protestataires exigent rien moins que l'annulation de la liste des bénéficiaires. «Aujourd'hui, la tension demeure vive», explique encore Yacine Zaïd, qui dénonce au passage la passivité des autorités locales qui ont laissé pourrir la situation. D'autre part, nous apprenons que les chômeurs ont rejoint le mouvement dès samedi et ont décidé, eux aussi, de «défendre leur dignité», en exigeant «des emplois décents». Selon Hadj Nacer Aïssa, président du bureau régional du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), qui rappelle les principales revendications des chômeurs, consignées dans une plate-forme largement diffusée, la protestation «durera tant que nos revendication ne sont pas satisfaites». Dans l'autre ville du Sud, Ouargla, – qui a connu plusieurs protestations de chômeurs depuis plusieurs mois, avec tentatives d'immolation, arrestations et «émeutes quasi-quotidiennes» –, selon Tahar Bellabès, coordinateur national du CNDDC, qui refuse qu'on utilise les revendications des chômeurs à des fins «électoralistes», des centaines de chômeurs se sont rassemblés hier devant le siège de l'Anem. Alors qu'à Skikda, les jeunes sans emploi ont observé leur sit-in devant le port. Ces chômeurs, des diplômés pour la plupart, réclament, en effet, un emploi au niveau de l'infrastructure portuaire et dénoncent en même temps les dépassements de la direction de l'emploi. Ils se seraient ensuite rendus devant le siège de la wilaya, nous indique-t-on. Alors que les autorités estiment que le taux de chômage en Algérie tourne autour de 10%, d'autres organismes affirment qu'il dépasserait les 20%.