Illustrant la crise de confiance et le fossé séparant les gouvernants et les gouvernés, ils refusent toujours d'entamer un dialogue direct avec les autorités. Les mouvements de protestation se multiplient. Dans un contexte national marqué par une montée en flèche de la demande sociale qui s'ajoute à un étalage inédit des scandales de corruption, les chômeurs du Sud ne démordent pas. Né vers la fin de l'année écoulée, le mouvement de protestation s'amplifie et s'inscrit dans un cadre purement social et pacifique. Les chômeurs du Sud en particulier, remettent en cause par là, des politiques menées depuis des années dans le différents domaines, social, de l'emploi, l'habitat et autres. Plusieurs centaines de chômeurs se sont rassemblés, hier au centre-ville d'El Oued. Des militants du Comité des chômeurs organisés en sections au niveau de chaque département, sont venus de plusieurs wilayas du Sud comme Ouargla, Laghouat, Ghardaïa, Adrar et Djelfa pour participer à cette manifestation. «L'instauration de l'Etat de droit» est le mot d'ordre de la marche d'El Oued. Illustrant la crise de confiance et le fossé séparant les gouvernants et les gouvernés, les chômeurs du Sud refusent toujours d'entamer un dialogue direct avec les autorités. Un important renfort sécuritaire avait été dépêché vers la région d'El Oued. A noter qu'après la grande manifestation de Ouargla, le Cnddc a organisé un autre rassemblement à Laghouat le 23 mars dernier. Le comité pour la défense des droits des chômeurs (Cnddc) prépare un autre rassemblement pacifique, à Ghardaïa, pour exiger la libération des 17 personnes arrêtées lors de la manifestation précédente dans la même ville. A titre de rappel, 17 personnes avaient été déférées devant la justice à Ghardaïa suite à de violents affrontements survenus la semaine écoulée entre les forces anti-émeute et jeunes chômeurs. Ces violences sont survenues mardi dernier, à l'occasion du coup d'envoi de la fête du tapis. Dans une confusion totale, les chômeurs sont tantôt accusés de faire dans la sécession, d'être manipulés par «une main étrangère» et par «les islamistes». Mais les chômeurs ont à chaque fois donné un exemple de responsabilité et de patriotisme, en ne voulant pas donner une connotation politique à leur mouvement Tous les rassemblements organisés jusque-là l'ont été dans un climat de sérénité. A Ménéa, Adrar, Metlili, Djelfa, Médéa, Laghouat, les jeunes chômeurs ont tenu des rassemblements le 23 mars dernier. En dépit de quelques échauffourées inévitables, ces rassemblement ont été bien «gérés» aussi bien par les forces de sécurité que par les organisateurs. Pendant ce temps on assiste à une ruée de hauts responsables vers le Sud. Plusieurs ministres, se sont rendus à Ghardaïa pour discuter de l'emploi avec les autorités locales. Le 14 mars, des milliers de chômeurs avaient défilé dans le calme dans la ville de Ouargla, au coeur de la zone des hydrocarbures, pour réclamer du travail et l'arrêt de poursuites judiciaires contre leurs militants. Par ailleurs, le chômage touche de plein fouet la jeunesse algérienne. Selon les autorités et le FMI, 21,5% des moins de 35 ans sont sans emploi, contre moins de 10% à l'échelle nationale. La situation des jeunes est encore plus difficile dans le Sud et l'intérieur du pays, du fait du faible développement de la région et d'une émigration de travailleurs du Nord, voire de l'étranger, au motif de l'absence de main-d'oeuvre locale qualifiée, ce que réfutent les chômeurs du Sud.