Constat - «Nous savons qu'ils vont construire des marchés. Mais ça traîne et il faut bien qu'on travaille !». C'est en ces termes qu'un des jeunes parmi les dizaines qui jouent au chat et à la souris avec les forces de l'ordre, notamment dans la capitale, à Bab El-Oued ou encore à Bachdjerah, a tenu à intervenir au micro de la Chaîne trois de la Radio nationale ce matin. Ainsi, près de quatre mois après que le gouvernement eut décidé de lancer son programme d'éradication des marchés informels, les résultats restent pour le moins mitigés, voire loin des attentes et des espoirs de jours paisibles pour les riverains de ces marchés informels. Les raisons selon les premiers concernés – les jeunes –, sont dues au fait que «les pouvoirs publics ont choisi des endroits inappropriés à l'activité commerciale». Résultat : plus de 50 % des structures réalisées sont désertées par les bénéficiaires. Un constat qui ne semble d'ailleurs pas démenti par le responsable de la direction du commerce de la wilaya d'Alger, qui avance que 17 marchés couverts sont en voie d'être réalisés, dans des communes dites «prioritaires» en choisissant «les zones urbaines à valeur marchande» pour éviter que les bénéficiaires ne les désertent à nouveau. Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada avance, pour sa part, que 350 marchés de proximité seront réalisés d'ici à la fin de l'année en cours. «D'ici au mois de juin à juillet, nous aurons des espaces à même d'absorber le maximum de jeunes qui ont été délogés des espaces publics qu'ils ont quittés», affirme-t-il. Selon lui, ces structures devraient empêcher toute tentative de retour du marché informel. Il ajoute toutefois que «le ministère du Commerce n'est pas tenu de demander des comptes à ces gens qui exposent des produits sur la voie publique. C'est un problème d'ordre public et l'ordre public c'est l'affaire du ministère de l'Intérieur», a-t-il tenu à préciser. L'emploi reste du coup un sujet plus que jamais d'actualité. 10 % de chômeurs parmi les jeunes. C'est le chiffre qu'avance l'Organisation internationale du travail (OIT). Un taux qui, selon l'organisation onusienne, est considéré comme «trop élevé». «En Algérie, le taux est à 10 %. Nous serons d'accord à dire, malheureusement, que ce pourcentage est trop élevé. Nous pouvons faire mieux pour le réduire», a déclaré le directeur général du Bureau international du travail (BIT), Guy Ryder. Mais ce constat d'échec ne semble pas être l'apanage de l'Algérie. Ainsi, M. Ryder a regretté, dans ce sens, n'avoir vu aucun pays résoudre le problème du chômage malgré les mesures prises. «Le chômage touche un jeune sur quatre en Europe», selon le patron du BIT. Ainsi, «le chômage des jeunes est peut-être la priorité de tous les autres points dans le monde du travail. L'OIT vient, d'ailleurs, de l'établir comme une de ses priorités clés pour les années à venir», a déclaré à la presse M. Ryder au sortir de l'audience que lui a accordée le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh.