Anarchie - Tous les usagers rencontrés ce matin à la station du Ruisseau disent qu'ils ont été pris au dépourvu par cette grève. Les travailleurs du Tramway d'Alger ont, depuis hier, entamé une grève qu'ils disent illimitée. Selon plusieurs protestataires, «ce débrayage serait appelé à se prolonger dans le temps si le directeur général du tramway, ne négociait pas avec nous», nous a déclaré un groupe de travailleurs rencontré, hier après midi, devant le siège de la direction générale. La genèse et les principales raisons de l'entame de cette grève, selon l'un des initiateurs de ce mouvement, sont le licenciement d'un caissier après le constat d'un manque dans sa recette quotidienne, avoisinant les 450 DA. Le plus surprenant dans l'histoire, est que l'affaire en question «remonte à plus de trois mois», a souligné notre interlocuteur, n'omettant pas de préciser que le mis en cause a payé le montant manquant. «Si l'intention de notre collègue était de détourner de l'argent, cela n'aurait pas été pour une somme minable de 450 DA.» Le second point de discorde entre les travailleurs et la filiale de l'Entreprise publique de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa), est le planning anarchique des conducteurs de machines. Selon les témoignages recueillis à la station du Ruisseau, le programme est modifié selon le bon-vouloir des responsables, sans aviser au préalable les employés concernés. «Parfois, nous sommes contactés la veille au soir pour travailler le lendemain matin à l'aube», nous dit un autre contestataire. Les horaires de travail sont pointés du doigt, d'où la revendication explicite des travailleurs du tramway pour l'élaboration d'un planning fixe, non soumis à des modifications inopinées. Figure aussi parmi les doléances du personnel, le licenciement de 11 agents de sécurité «sans motif valable», selon les déclarations de quelques agents de sécurité exerçant à la station du Ruisseau. «Ils se sont retrouvés du jour au lendemain sans travail, sans savoir ce qu'on leur reprochait», ont-ils ajouté. Le départ du staff dirigeant représentant la société d'exploitation des tramways, est revendiqué avec force par les travailleurs. A cet effet, M. Mohamed Salah Zebara, l'un des animateurs de ce mouvement, affirme que les gestionnaires utilisent «des pratiques inadmissibles à l'encontre des travailleurs». «Nous ne sommes plus à l'ère de l'esclavagisme», nous dit-il dans un entretien. Les conditions de travail «déplorables», sont également évoquées par notre interlocuteur, «notamment pour les conducteurs, qui font face en permanence à l'insécurité lors de l'exercice de leur mission». En parallèle, les protestataires demandent la révision des salaires, la réduction des heures de travail. Notre interlocuteur dénonce également la dégradation des conditions et des relations de travail, après l'entrée en vigueur de la nouvelle réglementation en octobre dernier, en vertu de laquelle Setram a été chargée de la gestion et de l'exploitation commerciale du tramway d'Alger. Concernant d'éventuels contacts avec les responsables, M. Zebara a indiqué que «le président-directeur général qui a rencontré les représentants des protestataires, a estimé que la question de changement des dirigeants est du seul ressort du ministre, mais a promis d'œuvrer à l'amélioration des conditions de travail. Une attitude de mépris Les journalistes qui voulaient prendre attache avec le directeur général de la Setram, ont essuyé un niet catégorique. Le responsable a même usé d'un geste méprisant à l'égard des journalistes qui se sont précipités à sa rencontre au moment où il allait prendre sa voiture. Il a tout simplement actionné le remonte-glace électronique, il a aussi fait ce signe de la main qui veut dire sans le moindre doute : « Journalistes, dégagez.» Son sous-directeur, a, lui aussi, eu un comportement irresponsable. «Je ne parle pas à la presse. Occupez-vous d'autres affaires, laissez-nous en paix. C'est la presse qui risque de mettre le feu aux poutres en médiatisant un mouvement initié par des irresponsables», a-t-il lancé aux journalistes présents sur les lieux.