Le football allemand connaît décidément une semaine faste. Après le carton passé par le Bayern Munich au FC Barcelone mardi (4-0), le Borussia Dortmund a quasiment fait aussi bien que son rival bavarois en signant une large victoire face au Real Madrid (4-1) hier soir, en demi-finale aller de la Ligue des champions. Supérieurs du début à la fin, les Allemands ont pu compter sur un incroyable Robert Lewandowski, auteur d'un quadruplé (8e, 50e, 55e, 66e s.p.) pour concrétiser leur domination au tableau d'affichage. Le but inscrit en fin de première période par Cristiano Ronaldo (43e) maintient un petit espoir de qualification pour le club merengue, condamné à un exploit la semaine prochaine à Santiago-Bernabeu pour espérer accrocher son dixième titre de champion d'Europe. Le Real est tombé de haut. Il est surtout tombé sur Lewandowski. Lors du premier rendez-vous entre les deux clubs en phase de poules, le Polonais avait déjà marqué l'un des buts de la victoire du Borussia. L'avant-centre de Dortmund s'est carrément offert un quadruplé lors de cette demi-finale aller, performance qu'aucun joueur n'avait réalisée face au club merengue en Coupe d'Europe. Malgré la performance époustouflante de Lewandowski, la victoire éclatante du BvB ne doit pas être réduite aux exploits d'un seul homme. Dortmund a surtout fait parler sa supériorité collective face à un Real dans un jour sans. Dortmund tient à son buteur Le Borussia Dortmund est prêt à se passer du montant du transfert pour conserver son buteur, Robert Lewandowski, la saison prochaine, a assuré le patron du club de la Ruhr, Hans Joachim Watzke, mercredi soir, après le quadruplé du Polonais contre le Real. «C'est clair que nous souhaitons qu'il reste chez nous. On se passera même du montant du transfert (20 millions d'euros, Ndlr), qui est mineur et de toute façon ne nous intéresse pas», a déclaré Watzke au micro de Sky News. Le dirigeant du Borussia serait «très surpris» si l'international polonais rejoignait dès la fin de saison le Bayern Munich, comme le rapportent des rumeurs insistantes, surtout depuis l'annonce mardi du départ du jeune stratège Mario Götze pour la Bavière au 1er juillet. Lewandowski est le meilleur buteur de la Bundesliga avec 23 réalisations et deuxième du classement de C1 avec 10 unités, deux longueurs derrière Ronaldo. Le jour de Lewandowski Dans un jour de grâce, Robert Lewandowski, annoncé partant pour le rival bavarois, a fait très mal à Pepe, dépassé sur l'ouverture du score et mystifié par son crochet sur le troisième but (55e). Cinq minutes plus tôt, l'attaquant du BvB avait profité d'une frappe manquée de Reus pour s'offrir un doublé. Le quadruplé, pour son dixième but en C1 cette saison, est arrivé peu après l'heure de jeu, sur un penalty consécutif à une faute de Xabi Alonso sur Reus (66e). Il aurait pu rejoindre Messi, seul joueur ayant inscrit cinq buts en un seul match de Ligue des champions (contre Leverkusen), mais Diego Lopez a sorti sa plus belle horizontale (79e). Une occasion manquée dont il se fichera certainement si quelqu'un ose lui en parler. Lui qui est le premier joueur à inscrire un quadruplé au Real Madrid en Coupes d'Europe. Klopp : «Ne pas perdre la boule» «Ce fut un match incroyable de la part de mon équipe. Pendant les 25 premières minutes, nous avons vraiment joué parfaitement. Ensuite, on a un peu perdu le fil, on les a laissés revenir dans le match. Je ne crois pas que nous soyons favoris, en tout cas, nous ne nous voyons clairement pas dans cette position. Il va falloir tout donner. Mourinho a dit qu'il espérait rattraper ce retard, et cela ne me surprend pas. Certes, ce soir, ça aurait pu être pire (sourire) mais nous savons qu'il va falloir travailler incroyablement dur pour le match retour. La meilleure chose pour moi, c'est que je sais que j'ai une équipe qui ne va pas défendre pour préserver un résultat, on l'a vu ce soir dans les dix-quinze dernières minutes» Mourinho : «La meilleure équipe a gagné» «On a vu ce soir sur le terrain une équipe qui était clairement supérieure à une autre. Il y avait une équipe qui physiquement et mentalement en a dominé une autre. C'est définitivement la meilleure équipe qui a gagné ce soir. Les buts que nous avons encaissés sont le fruit de nos erreurs. Le football allemand est un très bon football mais le foot espagnol reste le foot espagnol, on ne peut pas juger sur un match. Rien n'est impossible, l'espoir reste présent, l'histoire n'est pas encore terminée et je compte sur mes joueurs pour le montrer la semaine prochaine». Un Barça «en fin de cycle» ? Après la déroute du Barça face au Bayern Munich, la presse espagnole a souligné son caractère retentissant. Certains titres parlent même de «fin de cycle», voyant dans cette cuisante défaite l'acte de décès du grand Barça de Messi and co. Les journaux catalans n'ont pas été tendres avec les hommes de Vilanova. «Le Barça n'a pas été à la hauteur de sa légende, de sa trajectoire des dernières années. Il s'est peut-être même éteint mardi parce que la leçon du Bayern fut historique», craint Sport. Et El Mundo Deportivo, tout en partageant le diagnostic de son concurrent, critique également la gestion de Tito Vilanova, auteur d'un seul changement au cours de la partie. Le journal catalan ne peut s'empêcher d'insister sur les erreurs d'arbitrage de Viktor Kassai, mais convient lui-même qu'elles n'avaient pas réellement influé sur le résultat final. Enfin, El Pais voit des similitudes entre cette défaite et celle en finale de la Ligue des champions 1994 face au Milan AC, qui avait sonné le glas de la «Dream Team» de Cruyff. Sous le titre «Plus proche d'Athènes que de Wembley», le quotidien généraliste écrit : «Le Barça rêvait de revenir à Wembley quand le Bayern l'a renvoyé à Athènes, où les Blaugrana avaient encaissé un 4-0 retentissant, en finale, face à Milan». «L'Allemagne ivre, l'Espagne à terre» La presse allemande s'enthousiasmait mercredi soir pour le quadruplé de l'attaquant polonais du Borussia Dortmund, Lewandowski, face au Real et rêvait déjà à une finale de la Ligue des champions 100% germanique, après le carton du Bayern Munich face au FC Barcelone (4-0) la veille. Le quotidien populaire Bild titrait, dans son édition en ligne se réjouissait de voir «toute proche» une finale totalement allemande. «L'Allemagne en pleine ivresse dans cette Ligue des champions, l'Espagne à terre», se félicitait le quotidien le plus lu d'Allemagne. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung a retenu que «la 2e demi-finale aller a tourné au show Lewandowski». Pour Die Welt, «buteur à quatre reprises, Lewandowski projette Dortmund en plein bonheur». «Le buteur a écrit l'histoire», tranchait le quotidien qui lui-aussi se réjouissait de voir que «le succès convaincant de Dortmund à domicile contre le Real Madrid le place dans les meilleures dispositions pour la finale de la Ligue des champions le 25 mai à Wembley». Même satisfaction à Berlin pour le Tagesspiegel: «Robert Lewandowski a tout fait pour qu'il y ait une finale 100% allemande en Ligue des champions».