Coïncidence ? - Le même jour, à la même heure, deux familles de cinq personnes trouvèrent la mort, à 7 ans d'intervalle, dans des circonstances similaires, au virage Randon sur la RN 16 Sud. Les autres supposés dérapages et embardées, tout aussi inexpliqués mais aux suites moins dramatiques que ceux cités plus haut néanmoins ont continué à perturber le quotidien des habitants de Dréan, jusqu'au jour où un jeune ingénieur des ponts et chaussées, nouvellement muté dans l'arrondissement dont dépendait l'entretien du tronçon concerné, commença à s'intéresser à la question. Le jeune homme aurait d'emblée saisi la Gendarmerie nationale et la caisse d'assurances pour avoir le maximum de détails sur les accidents et remonta, paraît-il, très loin dans le temps pour ce faire. Les procès-verbaux et les croquis le renseignèrent surtout sur la fréquence et l'endroit des dérapages, leur impact... Une étude sur la topographie de la chaussé en amont et en aval du «virage de la mort» indiqua clairement que la configuration de la chaussée était parfaite en tout point, ce qui permit à l'ingénieur d'exclure l'hypothèse de l'accident dû à l'effet de la force centrifuge. Il semble que le jeune chef d'arrondissement aurait été encouragé par ces résultats et qu'il continua sa série de recoupements en éliminant, une à une, les causes traditionnellement reconnues comme étant à l'origine, telles que la somnolence au volant ou la conduite en état d'ivresse. Il s'aperçut alors que le décor qui caractérisait cette partie de la route nationale avait quelque chose d'anormal. Le tronçon traversait (et traverse encore aujourd'hui) une immense plantation d'agrumes sur plus d'un kilomètre et était bordé, de part et d'autre, d'eucalyptus de grande taille qui servaient de brise-vent protégeant ainsi les orangeraies. En observant attentivement la disposition de ces arbres, l'ingénieur découvrit le phénomène qui provoquait tous les accidents recensés jusque-là : il s'agissait, en fait, d'un éblouissement très puissant et répétitif causé à la vue des conducteurs par la lumière solaire à travers les arbres juste à la sortie de la courbe. Plus explicitement, les rayons du soleil, gênés par la disposition des eucalyptus, agissaient comme des dizaines voire des centaines de flashes et qui aveuglaient normalement toute personne en mouvement qui leur faisait face sous un angle donné. Ces déductions s'avérèrent déterminantes puisque sitôt une partie des arbres abattue par les cantonniers, la visibilité fut nettement meilleure à hauteur du virage et l'on n'enregistra plus d'accident. Malgré cela, les habitants de Dréan et ceux de Randon continuent à évoquer le surnaturel en parlant du virage qui avait fait tant de morts et causé des dégâts matériels incalculables aux véhicules qui l'emprunteraient.