Plusieurs milliers de personnes, dont de nombreuses mères de famille, ont défilé sur la corniche de la capitale économique, Casablanca, en scandant des slogans tels que «Non à la pédophilie au Maroc» ou encore «Protégeons nos enfants, ils sont l'avenir de notre pays», après l'agression d'une fillette - Wiam, neuf ans, avait été agressée par un voisin à Sidi Kacem (nord-ouest). Les participants étaient vêtus de blanc et tenaient une rose blanche. «Nous savons tous que Wiam n'est pas la seule victime de ce type de crimes. Des centaines d'enfants, dont l'histoire n'est pas médiatisée, subissent régulièrement viols et violences dans un silence assourdissant», ont affirmé les organisateurs dans un communiqué. L'objectif est notamment de faire rentrer dans le code pénal marocain la notion de pédophilie, qui, jusque-là, était seulement identifiée comme viol aggravé. Retrouvée inconsciente dans un bain de sang par son petit frère de six ans, Wiam, a été opérée pendant sept heures (fractures, tendon et oreilles sectionnés...), selon son chirurgien, Tazi El-Hassen. Ses images sur son lit d'hôpital et le récit de son calvaire ont entraîné une importante mobilisation contre la pédophilie et les violences faites aux enfants dans le royaume. Il y a deux ans, un autre fait divers, le suicide d'Amina Filali, 16 ans, contrainte d'épouser son violeur, avait entraîné également une forte mobilisation populaire. Entre 2007 et 2010, l'association, Touche pas à mes enfants, basée à Rabat, a enregistré plus de 1 000 cas d'agression sur les enfants dont la plupart sont des violences sexuelles, surtout de la pédophilie, avec 70% des cas recensés. Des enquêtes gouvernementales indiquent que le nombre d'enfants de moins de 15 ans engagés dans toutes les formes de travail est passé de 517 000 en 1999 à 123 000 en 2011.