Argument - Depuis jeudi, le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Mahfoud Kerbadj ne cesse de multiplier les sorties médiatiques pour justifier son bilan de la saison 2012-2013. Au lendemain de la fin du championnat 2012-2013, Mahfoud Kerbadj, président de la Ligue de football professionnel (LFP) a doublé les sorties médiatiques pour faire le bilan de la saison, mais aussi pour évoquer les dossiers chauds de l'heure, notamment ceux qui ont secoué l'instance qu'il gère. Ainsi, après le forum du quotidien El Moudjahid jeudi, Kerbadj a fait, hier, une virée à la Radio nationale avec des sorties sur les Chaînes I et III où il a été à chaque fois amené à répondre à plusieurs questions dont celle de la programmation du dernier derby entre l'USMH et le MCA et d'avouer tout de go : «L'affaire du derby a affaibli la ligue», dans l'émission «Football Magazine». Kerbadj a tenté d'expliquer les raisons de cette affaire qui a suscité des réactions de toute part et provoqué le forfait du MCA, mais sans convaincre car on ne programme pas des matchs sur de simples paroles lancées sur une chaîne de télévision et sans engagement écrit ! Du coup, Kerbadj a décidé de revoir sa copie pour le prochain exercice pour annoncer qu'aucun derby ne se déroulera au stade du 5-Juillet si ce dernier sera retenu comme domiciliation d'un club algérois, notamment le Mouloudia, sauf si les deux clubs qui voudraient y disputer leurs matchs aller et retour s'engagent par écrit. Quant au stade du 1er-Novembre de Mohammadia, qui sera expertisé par une équipe de la ligue mise en place à cet effet, il devra remplir un certain nombre de critères, comme prévoir une nouvelle tribune pour les supporters adverses, «faute de quoi, il ne sera pas homologué», dira-t-il. Il en sera de même pour les deux nouveaux promus, le CRB Aïn Fekroun et le RC Arba dont les stades seront en travaux cet été pour pouvoir être fin prêts avant le 3 août prochain, date du début du championnat. Cette situation met à nu les retards enregistrés dans la réalisation de nouveaux stades, comme ceux de Douéra et de Baraki, mais aussi le refus des autorités locales de faire l'effort nécessaire de mettre à niveau les anciennes enceintes qui ne remplissent pas les conditions et ne répondent pas aux normes exigées par le cahier des charges du professionnalisme. Et en abordant ce dossier, Mahfoud Kerbadj regrettera le retard accusé dans l'application des mesures d'accompagnement de ce projet par l'Etat dans le cadre de la loi de finances de 2010, notamment en ce qui concerne les assiettes de terrain pour la construction de centres de formation ainsi que la couverture des dépenses liées au transport et les salaires des entraîneurs des jeunes catégories. D'où la remise en question du nombre de clubs professionnels (32 au départ) et le désir de plusieurs d'entre eux de revenir au statut d'amateur pour au moins bénéficier des subventions de l'Etat, comme c'est le cas de l'USMM Hadjout qui vient d'accéder en Ligue 2 tout en souhaitant rester amateur. Quant aux autres clubs, ils devront, selon le président de la ligue, voir leur capital repris par une douzaine d'entreprises nationales publiques et privées, à l'image du CRB qui négocierait avec la CNEP-Banque, l'USMH qui aurait des touches avec Air Algérie, l'Entente de Sétif en pourparlers avec la cimenterie El-Hidhab, voire l'ASO également. Voilà de quoi donner un peu plus d'espoir pour les clubs de l'élite qui espèrent ne plus vivre la crise qui les ronge depuis plusieurs mois. La révision La prime du champion revue à la hausse Le patron de la ligue a annoncé que la prime du vainqueur du championnat sera revalorisée car il est aberrant qu'elle soit inférieure à celle de la Coupe d'Algérie qui est de 50 millions de DA. En effet, lors de la première édition du championnat professionnel, en 2010-2011, la ligue avait offert 5 millions de DA à l'ASO Chlef, consacré champion avant qu'elle ne passe à 10 millions de DA l'année suivante pour récompenser l'Entente de Sétif. Et c'est le même montant qui sera remis aux Sétifiens cette fois avant qu'il ne soit revu à la hausse puisque Kerbadj propose à ce qu'une partie de la prime de la Coupe d'Algérie, qui vaut 50 millions de DA pour chaque finaliste, soit attribuée au champion sortant qui dispute 30 matchs contre six pour le vainqueur de l'épreuve populaire. L'affaire JSS-CAB : il faut attendre la décision de justice L'autre affaire qui a appelé des précisions de la part du président de la ligue, c'est celle du fameux match JS Saoura-CA Batna où le président du club des Aurès, Farid Nezzar, avait porté de graves accusations de corruption contre les dirigeants de la JSS et à leur tête le président Mohamed Zerouati. «Pour l'instant l'affaire est en justice, et je ne comprends pas pourquoi certains ne respectent pas le droit de réserve. A ce propos, Nezzar sera convoqué au niveau de la ligue ce lundi pour être auditionné par la commission de discipline et répondre à ses déclarations et à ses démarches en vue de réunir les autres clubs qui rétrogradent pour déstabiliser la ligue». Kerbadj précisera que même si la justice tranchera en faveur du CAB, ce dernier sera tout de même rétrogradé car c'est sportivement qu'il l'a été. Nezzar n'est pas en reste, puisque le président de l'USM Annaba, Abdelhamid Boudiaf est lui aussi convoqué dans l'affaire d'accusation de tentative de corruption porté contre le président du RC Arba. Par ailleurs, les dirigeants du CAB, du WA Tlemcen et de l'USM Bel-Abbès s'activent pour tenter d'invalider le championnat 2012-2013 considérant que la Sonatrach n'avait pas à prendre en charge quatre clubs à travers ses filiales (Tassili Airlines, Naftal et Enafor) car ce n'est pas réglementaire. D'ailleurs, le match JSS-MCO est soupçonné d'être arrangé puisqu'il a débuté avec un quart d'heure de retard et a souri aux Hamraous à Béchar même ! Pour se défendre, Kerbadj a estimé que les arbitres devaient enregistrer les réserves formulées par le MCO, et que les trois sociétés citées étaient indépendantes et avaient le droit de gérer chacune un club. La décision Kerbadj enfonce le Mouloudia S'agissant du Mouloudia d'Alger, Mahfoud Kerbadj n'a pas été avec le dos de la cuillère confirmant que le recours introduit par la direction de ce club au sujet des joueurs Chaouchi et Babouche, de l'entraîneur Djamel Menad et du coordinateur de la section football Omar Ghrib a été rejeté par la commission d'appel de la FAF. Le patron de la ligue indiquera que le MCA a le droit de recourir au Tribunal arbitral sportif (TAS) s'il désire la réouverture de ce dossier, même si les enregistrements en possession des instances condamnent les Mouloudéens pour leur attitude et les dépassements regrettables commis contre les officiels lors de la finale de la Coupe d'Algérie. Quant au forfait du Doyen contre l'USMH, pour le compte de la 30e et dernière journée de championnat, il n'est pas «dû à un cas de force majeure», martèlera Kerbadj qui annoncera que le code disciplinaire, notamment son article 84, sera appliqué dans toute sa rigueur lors du prochain bureau de la ligue prévu ce lundi. L'obligation Le dossier d'engagement dans les bilans financiers Les clubs des deux championnats professionnels de Ligue 1 et 2 sont tenus de présenter leurs bilans financiers de l'exercice 2012-2013 au moment du dépôt de leur dossier d'engagement respectif en vue de la saison à venir, faute de quoi ils ne seront pas admis au niveau de la Ligue de football professionnel. Cette procédure permettra à la Direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG) d'examiner la gestion financière des clubs des deux ligues professionnelles, sachant que lors de l'exercice écoulé, seules 12 formations des 32 évoluant dans les deux premiers paliers ont transféré leurs bilans à cette instance, selon Kerbadj. Le président de l'instance dirigeante de la compétition a précisé, en outre, que le rôle de la DNCG, créée après le lancement du professionnalisme en Algérie, est d'aider les clubs à bien gérer leur comptabilité. «Les dépenses de la majorité des équipes sont plus importantes que leurs recettes, et la DNCG est là justement pour les mettre en garde afin que les concernés équilibrent leur budget», a expliqué Kerbadj, qui a rappelé que dans ce cas, la première mesure à prendre par la LFP est d'interdire aux clubs déficitaires de recruter pour ne pas voir leur situation financière se compliquer davantage. Les choses pourraient même arriver jusqu'à décider la relégation des clubs déficitaires, a encore averti le patron de la LFP.