Evocation - Rencontré au Musée d'art moderne et contemporain d'Alger dans le cadre de l'exposition «Photographes de guerre, les djounoud du noir et blanc», Adolfo Kamensky reste une figure importante liée à la Révolution algérienne. Du haut de ses 87 ans, Adolfo Kamensky, dit le «Le faussaire», n'a rien oublié de la Révolution algérienne. Il se rappelle son adhésion, en 1957, à Paris, au réseau Jeanson pour le soutien au FLN, où il est sollicité pour fabriquer de faux papiers aux résistants algériens. «Pour cette exposition, je n'ai pas rapporté de photos, parce que je n'en ai pas de guerre. Pendant la Révolution, mon rôle était de produire de fausses pièces d'identité et je suis satisfait de l'avoir fait. Car moi-même j'ai subi les affres du racisme et du fascisme pendant la Seconde Guerre mondiale, il n'était donc plus question que cela se reproduise pour d'autres personnes. Pour moi, nous sommes tous des êtres humains quelles que soient nos origines, notre religion ou notre couleur de peau. J'ai consacré toute ma vie à la paix et à l'humanité», confie-t-il. Adolfo Kamensky est photographe. Et à propos de la photographie, il dit : «C'est ce qu'on voit, ce qui existe et ce qui aide l'imaginaire à construire la beauté, l'amour et la paix.» Après l'indépendance de l'Algérie, Adolfo Kamensky continue à venir en aide aux mouvements de libération et aux luttes révolutionnaires des pays d'Amérique du Sud et aux révolutions africaines. En Europe, il vient en aide aux dissidents de Salazar au Portugal et de Franco en Espagne. Il soutient également les Grecs contre la dictature militaire «des colonels». Il fait aussi de faux papiers aux déserteurs américains qui ne voulaient pas faire la guerre du Vietnam. Vers les années 1970, il revient en Algérie pour une année de vacances, il rencontre celle qui deviendra son épouse et la mère de ses trois filles. Finalement, le séjour s'étend à dix années où il exerce la fonction d'enseignant d'art graphique. Pour son militantisme Adolfo Kamensky nous confie : «J'ai eu de la chance dans ma vie en ce sens que j'ai pu être utile. Ma reconnaissance va aux Algériens qui m'ont aidé à réaliser ce que j'ai fait. Je ne suis pas Français, mais j'ai été élevé en France où j'ai été imprégné des principes de fraternité, d'égalité et de liberté qui ne sont pas de vains mots pour moi. J'ai été utile à ces gens qui se battaient, sans haine, pour leur dignité et leur indépendance.» Malgré son âge, Adolfo Kamensky n'est pas indifférent aux guerres provoquées en pays arabes et africains. Il dira : «Je n'ai jamais compris ces guerres inutiles entre les êtres humains et j'en souffre beaucoup. Malheureusement maintenant je ne peux plus rien faire, mais je n'y suis pas indifférent. Les êtres humains doivent se regarder comme des frères et non comme des ennemis.»