Echéance - Sous l'égide du président burkinabé, les pourparlers de Ouagadougou sont d'une extrême importance pour la crise malienne en général. Les négociations entre les autorités maliennes et les groupes armés touareg occupant la ville de Kidal (nord-est), qui devaient s'ouvrir hier à Ouagadougou, ont été reportées à aujourd'hui en raison d'une exigence de dernière minute de Bamako. Ce coup de théâtre illustre la tension observée ces derniers jours, après de violents combats sur la route de Kidal. Prévue hier après-midi sous l'égide du président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur pour l'Afrique de l'Ouest dans la crise malienne, l'ouverture des discussions a été reportée à samedi, a déclaré une source proche de la médiation. M. Compaoré reçoit à 10h 00 (locales et GMT) des représentants de la communauté internationale (ONU, Union africaine, France, Suisse, etc.) qui assistent la médiation puis «il ouvre les négociations avec les parties maliennes», a-t-elle précisé. La délégation commune du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), les mouvements touareg, avait pris place dans la grande salle du palais présidentiel censée abriter les discussions, de même que de nombreux diplomates. Mais la cérémonie d'ouverture a été ajournée : arrivé très en retard à Ouagadougou, l'ancien ministre Tiébilé Dramé, émissaire de Bamako pour le nord du Mali, a aussitôt demandé à être reçu par le médiateur. Selon des sources concordantes, il a demandé à M. Compaoré que prennent part aux négociations le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) et la milice d'autodéfense Ganda Koy. Des membres de cette milice loyaliste l'ont accompagné au Burkina. Le chef de l'Etat burkinabè a refusé leur participation aux discussions au titre de «groupes armés du Nord» - ce qui aurait été un casus belli pour les mouvements touareg - mais il recevra le MAA et Ganda Koy, a indiqué une source diplomatique. Pour la médiation et la communauté internationale, l'enjeu est de trouver un accord pour permettre la tenue à Kidal, occupée par les groupes touareg, de l'élection présidentielle prévue dans tout le Mali le 28 juillet, une élection réclamée avec insistance par les partenaires du Mali, France en tête. Avant cette confusion qui a duré hier plusieurs heures, Bert Koenders, chef de la Minusma, la force de l'ONU qui doit prendre à partir de juillet le relais de la mission panafricaine déployée au Mali (Misma), avait exprimé son «grand espoir» que les négociations aboutiraient à «des résultats positifs». Le MNLA et les autres groupements touaregs ont refusé jusqu'à présent à l'armée et à l'administration malienne d'entrer dans Kidal, exigeant la sécurisation du scrutin par la Minusma.