Sonorités - La formation de musique gnawie «Gaâda Diwan de Béchar» a présenté, hier, lors d'un concert, «Ma Hlow», son nouvel album qui vient d'être mis sur le marché. L'album comprend dix titres inédits, mêlant nouvelles sonorités et airs du terroir. Et tout comme l'album, le concert d'hier – il a eu lieu à la salle Ibn Zeydoun (Riad-el-Feth) – marque le retour de la troupe sur le devant de la scène algérienne. Comme à son habitude, «Gaâda Diwan de Béchar» privilégie toujours le genre diwan, mais ce legs musical ancestral est sujet à un travail artistique. C'est ainsi que la tradition musicale gnawie est transformée musicalement parlant : un clin d'œil chaoui, un hommage artistique à cette région de l'est du pays, les chants du Sahara et une «aouita», une chansonnette de Béchar d'où est originaire le groupe. Tout au long du concert durant lequel le public a retrouvé cette formation devenant une légende vivante, qui, chaude et pleine d'entrain, se voulait, l'instant d'une soirée, un beau voyage musical et fusionnel de plusieurs influences musicales et ce, à travers des sonorités éclectiques, rythmées, ardentes et, parfois, impétueuses, le public a pu apprécier toute l'authenticité du travail artistique du groupe, authenticité savamment disposée et ce, de manière à offrir une version nouvelle du terroir algérien, c'est-à-dire de la tradition joliment et habilement adaptée à des sons modernes. C'est ainsi qu'aux sonorités traditionnelles viennent s'associer dans une combinaison équilibrée, des rythmes d'inspiration jazzy. Toujours à travers le concert, le public, venu nombreux, a pu aussi savourer – à travers des chansons telles que «Dib el-ghaba», «Mahboula denya», «El-guemna», «Trig delma», «Selma», «Moussanni» ... – un langage musical diversifié, créatif, poétique... Le groupe, qui a aussi interprété des chansons extraites d'anciens albums, s'est distingué dans un jeu musical substantiel, relevé, admirable ; le concert était exceptionnel, voire magique. Le temps d'une soirée, le public s'est laissé transporter dans l'univers à la fois sensationnel, lyrique, fantasmagorique et initiatique. En d'autres termes, le concert s'est révélé à travers un jeu enivrant, aussi bien souple qu'énergique, un jeu métissé, évoluant avec un naturel extraordinaire dans des arabesques de mélodies vertigineuses, une aventure d'une ampleur festive rehaussée par les sonorités frétillantes de la mandole, du goumbri, du bendir, des congas ou encore du djembe, le tout s'associant suffisamment et merveilleusement aux sons répercutants des karkabous et des castagnettes. C'est ainsi que tout au long du concert, le public, en parfaite osmose avec le groupe, s'est laissé emporter aux rythmes de ces instruments qui, de par leur originalité, témoignent du travail pertinent mené par «Gaâda Diwan de Béchar» qui, pendant près de deux heures de temps, s'est assurément surpassé sur la scène, donnant généreusement du plaisir à un public enthousiasmé. Cette formation, qui se nourrit des «musiques métisses, synthèse des lointains instruments modernes entretenant un étrange dialogue avec ceux venus du fond des âges, se conjuguent pour dire une fois de plus la beauté des rencontres, la paix des échanges», a réussi une fusion intelligente, forte par la production d'un répertoire pluriculturel qui a su guider les spectateurs dans les sentiers intérieurs de l'humanisme universel. Créée à la fin des années 1990, «Gâada Diwan de Béchar» a signé en 1998 son premier CD éponyme, un genre d'indicatif présentant la troupe et son genre gnawi. Celui-ci signera en 2003 son deuxième CD, intitulé Ziara (visite). Son dernier album remonte à 2001, enregistré en live à Alger à l'occasion du Festival Bledstock.