Aïn Benian est une localité qui est en train de perdre sa vocation agricole. Le chômage, le problème de logement et les routes défoncées sont les principaux soucis des citoyens de cette localité qui compte 65 000 habitants, et c'est autant de problèmes que doivent résoudre les responsables de l'APC de cette commune. La commune d'Aïn Benian a un caractère particulier. C'est une ville très politisée et les élections qui s'y déroulent réservent toujours des surprises. Il faut dire que la plupart des habitants se connaissent et les batailles politiques sont dures. La commune d'Aïn Benian a une autre spécificité : c'est une ville côtière qui continue, contre vents et marées, à préserver jalousement ses espaces agricoles qui se rétrécissent pourtant comme une peau de chagrin. Bordée par la mer au Nord, la ville s'est urbanisée à un rythme soutenu en se tournant vers le Sud : des dizaines de cités-dortoirs sont érigées sur des terres jadis fertiles. Mais la commune connaît une démographie galopante et le logement demeure le premier souci de nombreux citoyens qui ne savent plus à quel saint se vouer pour faire aboutir leurs doléances depuis que les dossiers sont étudiés par les services de la daïra. «Je ne comprends pas pourquoi les dossiers de logements ne sont plus étudiés au niveau de la commune. Ce sont les élus locaux qui connaissent mieux leurs administrés et non les services de la daïra», se plaint un père de famille qui occupe une vieille ferme coloniale dont les murs tombent en ruines. Très nombreux sont ceux qui, à Aïn Benian, sont mal logés. Il faut dire que les bâtisses sont exposées à l'humidité et à l'air marin qui grignotent lentement, mais inexorablement les murs et les toitures des maisons. «Les habitations du centre-ville sont toutes dans un piteux état. Elles datent de l'époque coloniale et elles n'ont jamais été retapées. Ce qui fait q'aujourd'hui, elles sont inhabitables», affirme un résident du centre-ville. L'exiguïté des habitations et la promiscuité représentent l'autre réalité que vivent les habitants de l'ex-Guyotville. «Notre maison nous suffisait quand nous étions jeunes, aujourd'hui nous sommes à l'étroit. Nous sommes quatre frères, tous mariés et pères de famille, à nous entasser dans une maison de six pièces», témoigne un père de famille. Cette exiguïté et cette promiscuité sont à l'origine de nombreuses disputes familiales quand ce ne sont pas de véritables conflits familiaux. «Mon voisin a été condamné à 3 mois de prison pour avoir agressé son frère aîné. Ils vivaient à trois dans des conditions difficiles dans une petite maison et avec le temps les choses se sont envenimées », dit un retraité de l'ex-RSTA. Il reconnaît que l'exiguïté empoisonne la vie de nombreux citoyens qui n'ont d'autre choix que d'attendre et espérer figurer rapidement sur les listes des heureux bénéficiaires de logements. Le même problème de maisons délabrées et exiguës est vécu par d'autres citoyens de cette commune. A la cité Belle-Vue, un nouveau quartier où s'alignent de nombreux immeubles construits récemment, des familles continuent d'habiter dans les ex-fermes coloniales. La plupart sont d'anciens exploitants agricoles dont les terres, cédées par l'Etat, ont été intégrées dans le cadre du plan de développement de la ville. Mais si les bâtiments poussent comme des champignons, ce n'est pas pour accueillir les mal-logés de la commune. Cette situation met à mal les concernés qui considèrent cela comme une humiliation.