Souvenir - Le Brésil, et ses 200 millions d'habitants, a beau avoir décroché cinq Coupes du monde, un record, il ne peut évacuer un sentiment de malaise à chaque fois qu'il doit affronter l'Uruguay. Un pays d'à peine plus de 3 millions d'habitants, qui hante les esprits des Brésiliens depuis le mythique match au Maracana du Mondial-1950. Ce soir à Belo Horizonte, la demi-finale de la Coupe des Confédérations sera la 71e confrontation entre les deux voisins sud-américains. Or, si le bilan penche en faveur du Brésil (32 victoires à 19, et 19 nuls), il y a une défaite qui n'a toujours pas été digérée. En 1950, lors de l'unique Coupe du monde qu'il ait organisée à ce jour, avant celle de l'année prochaine, le pays du «futebol» comptait bien consacrer son émergence par une couronne planétaire. Et ce fut un revers monumental, resté dans les annales. Le 16 juillet, jour du match, un journal de Rio de Janeiro, O Mundo, titre «Voici les champions du monde» aux côtés d'une photo de l'équipe. 173 850 spectateurs officiellement, et sans doute près de 200 000 en réalité, se massent dans la gigantesque enceinte en béton, le Maracana, construite pour le tournoi. L'Uruguay avait tout d'une victime expiatoire, ce que semble confirmer l'ouverture du score de Friaca (47'). Juan Alberto Schiaffino égalise (66'), mais la Seleçao tient son titre... jusqu'à ce que l'ailier Alcides Ghiggia surprenne le gardien Barbosa d'une frappe à ras de terre près du poteau (79'). Enorme stupeur dans le stade. «Seules trois personnes ont fait taire 200 000 personnes au Maracana d'un simple geste : Frank Sinatra, le pape Jean Paul II, et moi», dira un jour Ghiggia. Et c'est bien le capitaine uruguayen Obdulio Varela qui a soulevé la Coupe du monde, un épisode gravé dans la mémoire collective. Le gardien brésilien, qui a mal bouché son angle, devient, lui, le bouc émissaire de tout un pays plongé dans le deuil. On fait même état de suicides. En réaction, un concours est lancé par un journal de Rio, Correio da Manha, pour mettre au rancart les rayures blanc et bleu du maillot que portaient les joueurs du sélectionneur Flavio Costa durant ce maudit match. A 19 ans, un certain Aldyr Garcia Schlee remporte le concours en combinant le jaune, le vert et le bleu du drapeau national. Et pour l'anecdote, le jeune homme, né dans la ville frontalière de Jaguaro, a grandi en soutenant... la Celeste, comme il l'a dit dans le livre Futebol: le mode de vie brésilien (2002) du Britannique Alex Bellos. L'Uruguay, le pays, a passé les trois premiers siècles de son existence à être bringuebalé entre les empires espagnol et portugais, avant d'obtenir son indépendance en 1828 à l'issue d'une guerre contre le Brésil. Depuis lors, l'Uruguay, l'équipe nationale cette fois, n'a cessé sa guérilla sur le terrain. La plus lourde défaite de l'histoire de la Seleçao, un 6-0, lui fut d'ailleurs infligée par la Celeste en 1920. Les Uruguayens ont battu deux fois les Brésiliens en finale de la Copa America : en 1983 contre la bande à Socrates, et en 1995 aux tirs au but face aux champions du monde en titre. Le Brésil a pris une forme de revanche en battant l'Uruguay de Francescoli au Maracana dans le tour final de la Copa America 1989, d'un but de la tête de Romario (1-0). Mais rien n'y fait : le match de 1950 n'est toujours pas tombé dans l'oubli. Un succès de la Seleçao de Neymar en finale du Mondial l'année prochaine, dans ce même stade rénové, pansera-t-il la plaie ? L'éloge Scolari : «La Céleste sait jouer» Avant d'affronter l'Uruguay en demi-finale de la Coupe des Confédérations, Luiz Felipe Scolari a donné plusieurs raisons de craindre la Celeste, ce soir. «C'est une sélection qui sait jouer, qui a de la stabilité car elle joue ensemble depuis la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, a-t-il d'abord souligné. Elle dispose de Cavani, meilleur buteur en Italie, Forlan, meilleur joueur du Mondial-2010, et Suarez, deuxième meilleur joueur du championnat d'Angleterre». Le sélectionneur du Brésil a également rendu hommage aux défenseurs Diego Godin et Diego Lugano «que toutes les équipes du Brésil voudraient avoir». La balourdise Julio César : «Nous ne sommes pas favoris» Le gardien de l'équipe du Brésil se dit convaincu qu'il n'y aura pas de favori pour la demi-finale opposant son pays à l'Uruguay. Il s'agit d'une déclaration assez surprenante, alors que le Brésil domine tout sur son passage dans cette Coupe des Confédérations. L'Uruguay est «une équipe sud-américaine qui connaît bien le football brésilien, donc il n'y aura pas de favori» a déclaré le portier brésilien. Difficile pourtant de croire à un match équilibré au vu des résultats de la Seleção depuis le début de la compétition. L'avertissement Forlan : «Le Brésil ce n'est pas seulement Neymar» Le buteur de l'Internacional et de la Celeste, Diego Forlan a tenu à déclarer avant le match au sommet, que le Brésil ne se résume pas seulement à Neymar, qui est le danger numéro un de cette Seleção. «Le match sera très difficile, le Brésil contre l'Uruguay cela a toujours donné des grands matchs. Tout le monde sait que Neymar est un grand joueur et ce ne sera pas facile mais il n'y a pas que Neymar dans cette équipe. Mais nous allons essayer d'être meilleurs». Confiance Lugano : «Affronter le Brésil chez lui, c'est exceptionnel» Diego Lugano affirme que la Celeste attend avec impatience ce rendez-vous avec le Brésil. Et même s'il concède que la Seleçào se présente en tant que favorite, il ne veut pas que les observateurs enterrent trop rapidement les derniers vainqueurs de la Copa America. «Cela va être exceptionnel d'affronter le Brésil chez lui, dans un tournoi qui réunit les meilleures équipes de la planète. Nous sommes fiers d'avoir permis à l'Uruguay de retrouver les sommets, a expliqué le joueur du Paris Saint-Germain sur le site Internet de la Fifa. Nous sommes très heureux et maintenant, il va falloir préparer cette demi-finale en étant conscients de nos responsabilités et en tenant en compte du fait que le Brésil est en grande forme. Le Brésil reste le Brésil mais attention : l'Uruguay, c'est l'Uruguay aussi». 18 fautes Neymar, la cible des défenses adverses Le jeune attaquant, Neymar a beau être critiqué, pour en rajouter, durant cette Coupe des Confédérations, la Fifa a indiqué qu'il est le joueur qui a subi le plus de fautes dans cette compétition. Même si le défenseur italien, Maggio a critiqué l'attaquant de la Seleção en indiquant qu'il avait tendance à en rajouter, les chiffres prouvent que le nouveau buteur du FC Barcelone, Neymar est la cible des défenseurs adverses. En trois rencontres, il a été victime de 18 fautes, ce qui en fait le joueur le plus visé dans cette Coupe des Confédérations. Mais le chiffre le plus étonnant est qu'il est aussi le joueur qui en a commis le plus avec 13 fautes concédées en trois matchs, ce qui est plus étonnant pour un joueur de son gabarit. Il a même provoqué la sortie sur blessure de latéral italien Abate, écopant par la même un carton jaune. La force Fred - Neymar, c'est 50% des buts de la Seleção Le duo Neymar-Fred a marqué 12 des 24 buts de la Seleção depuis le mois de février, ce qui les rend indispensables dans le système de jeu de Scolari. Le Brésil cherche toujours un digne successeur à Romario et Ronaldo pour le poste de buteur en Seleção et même si Fred est actuellement la pointe de cette équipe, les doutes subsistaient jusqu'au début de cette Coupe des Confédérations. Et son doublé face à l'Italie a démontré une fois de plus qu'il peut être efficace face à n'importe quelle sélection, surtout quand il est aligné avec Neymar. Les deux joueurs représentent 50% des buts marqués par la Seleção depuis que Scolari en est le sélectionneur. Ils ont inscrit 12 des 24 buts de cette équipe nationale depuis le mois de février et ces deux hommes ont offert six passes décisives, ce qui montre encore un peu plus l'importance de ce duo dans cette attaque auriverde qui devra se montrer tout aussi inspirée face à la rugueuse défense de l'Uruguay, mercredi.