Muet depuis plus d'un an avec la Celeste, Diego Forlan s'est mis au service du collectif uruguayen dans cette Copa America. Aujourd'hui à 21 h, face au Paraguay, il tentera d'emmener son équipe vers son premier sacre continental depuis 1995. L'image est tellement «vieille» qu'elle en serait presque jaunie. 10 juillet 2010 : d'une reprise de volée limpide, Diego Forlan fait trembler les filets allemands. L'Uruguay ponctue magistralement une Coupe du monde dont il fut «la» surprise. Son goleador à la chevelure blonde en est le héros. Meilleur buteur et meilleur joueur de la compétition, Forlan est au sommet de son art. Depuis ? Plus rien, ou presque. L'attaquant de l'Atletico Madrid n'a plus marqué sous le maillot de la Celeste. La Copa America devait mettre fin à ce mutisme interminable. Mais les chiffres sont têtus : Forlan n'a toujours pas marqué. Face au Mexique (1-0), notamment, il a vendangé des occasions à la pelle. Mais l'Uruguay est en finale. C'est l'essentiel. «Je suis tranquille avec mon jeu, dédramatise-t-il. Alors si on devait gagner la compétition sans que je marque, je serais le plus heureux du monde.» Au sein de cette Celeste 2011, les individualités s'effacent au profit du collectif. «Si le groupe n'est pas uni en dehors du terrain, c'est difficile de tous tirer dans le même sens sur le terrain, insiste Luis Suarez, l'attaquant le plus prolifique de cette Copa America. Tous les joueurs sont égaux. On l'a montré avec Diego. Il a été élu meilleur joueur du Mondial et il s'entraîne comme n'importe quel autre joueur.» En Uruguay, Forlan n'est pourtant pas n'importe quel joueur. Du haut de ses 81 sélections, il est le plus capé de l'histoire de la Celeste. Et avec vingt-neuf réalisations, il n'est qu'à deux longueurs du record d'Hector Sarcone, le légendaire buteur des années 20. A 32 ans, on dit Forlan sur le déclin. C'est un peu sévère, mais à peine exagéré. Le natif de Montevideo sort d'une saison pénible, au cours de laquelle son rendement (10 buts en 42 matches, toutes compétitions confondues) a épousé la courbe, plongeante, de son physique. Il n'est plus indiscutable à Madrid. N'a plus les mêmes jambes, ni la même efficacité que lors de la parenthèse sud-africaine. Le numéro 10 de la Celeste le sait. Il a donc dû s'adapter. Avec une bonne dose d'intelligence. Forlan a cédé son costume du goleador en chef pour se mettre au service du collectif, en soutien du duo Suarez-Cavani. Sa vision du jeu, sa justesse technique, son adresse sur coups de pied arrêtés et son sens du sacrifice ont grandement contribué au parcours de l'Uruguay dans cette Copa America. Tant pis pour l'inefficacité. «Cela ne nous préoccupe pas, assure Suarez. Diego est une pièce maîtresse dans l'équipe, et c'est le premier à vouloir marquer un but, parce qu'un attaquant veut toujours marquer. Mais il est content parce qu'on a atteint l'objectif d'arriver à la finale. La récompense de l'équipe est ce qu'il y a de plus important.» L'Uruguay attend un trophée depuis si longtemps.