Résumé de la 44e partie - Le docteur jubile à la lecture du télégramme de Marcelle qui lui annonce qu'elle ne rentrera que lundi soir... Nous ne le pourrions pas ! Nous nous aimons, follement, éperdument, comme deux êtres qui se sont retrouvés malgré la Vie qui avait voulu les séparer... Nous nous marierons, mais il nous faut encore attendre avant cette consécration officielle de notre amour... Pour le moment, restons des amants... N'est-ce pas ce qu'il y a de plus beau ? C'est toi qui avais raison ce matin : gardons jalousement notre secret que connaît seule ta bonne nounou. Il ne faut pas que les autres sachent, même pas cette infirmière.» - «Tu oublies qu'elle nous a surpris en train de nous embrasser ?» - «Et après ? Depuis, elle n'a jamais assisté à aucune de nos rencontres ! Elle peut supposer que je ne suis pas la première de tes clientes que tu embrasses ! Il vaut mieux qu'elle te prenne pour un Don Juan de sous-préfecture que pour un homme rivé à une seule maîtresse... Actuellement, elle suppose tout, c'est certain... Mais en réalité elle ne sait rien : il n'y a aucune preuve, ni ici ni au château, de notre liaison.» Et mon amour voulut profiter des deux jours supplémentaires, mais le dimanche soir, alors que nous commencions à croire qu'il s'achèverait aussi bien que le précédent, l'autre revint... Notre surprise fut totale de la voir sur le seuil de la bibliothèque où nous nous trouvions. Clémentine n'avait même pas eu le temps de nous prévenir. Nous étions très gais, Christiane et moi... Notre gaieté s'évanouit devant l'apparition de Marcelle Davois dont la pâleur de cire et les traits tirés me semblèrent plus accentués qu'avant son départ. Il y eut un silence gênant. Je dus faire un effort pour le rompre : - «Vous ? votre télégramme ne m'annonçait votre retour que pour demain soir.» - «Si vous le voulez, docteur, je puis repartir.» - «Mais, non, voyons !... Je crois que vous connaissez Mme Triel ?» - «En effet...» Elle inclina à peine la tête et je compris que Christiane était incapable de faire un mouvement pour lui tendre la main. Mon amour restait figé, cloué dans son fauteuil... - «Êtes-vous satisfaite de votre voyage ?»- «Très satisfaite, docteur.» «Tant mieux ! Eh bien, nous dînerons ensemble tous les trois...» - «Je vous prie de m'excuser, docteur, et vous aussi, madame, mais je suis assez fatiguée... Je préfère monter dans ma chambre sans dîner pour être tout à fait d'aplomb demain matin.» - «Comme vous voudrez... Bonsoir, Marcelle.» - «Bonsoir, docteur... madame...» La porte s'était refermée. Le silence continuait, pesant, dans la bibliothèque.- «Eh bien, ma chérie, tu ne dis plus rien ?» Christiane parut sortir d'un rêve ou plutôt d'une vision de cauchemar : - «Non. Cette femme m'épouvante... Sais-tu à quoi je pensais ? Elle a fait exprès d'envoyer ce télégramme, annonçant son retour pour demain. Elle savait qu'elle rentrerait ce soir... Elle t'a trompé, Denys, pour pouvoir te surprendre... nous surprendre, plus exactement. (A suivre...)