Commémoration - Organisée par la Coordination des enfants de chouhada en collaboration avec l'APC de cette commune balnéaire, les festivités de la double fête de l'Indépendance et de la Jeunesse se sont déroulées dans une ambiance festive. Cette fête a pris cette année quelques couleurs à la faveur d'une impulsion plus créative de la part des autorités locales. Le ton a été donné par les organisateurs, qui ont montré depuis plusieurs jours une farouche détermination à créer une animation à la hauteur de l'événement, en injectant de la convivialité dans l'espace urbain. Le rond-point du centre-ville de Raïs Hamidou a été fermé dès le début de la matinée et le ton a été donné par les louveteaux des Scouts musulmans algériens (SMA) qui ont traversé les artères de ce quartier avec en tête l'emblème national. Les gens se promenaient sur la chaussée en l'absence de circulation automobile, ou bien se rassemblaient devant la stèle des chouhada. Devant une exposition photos, c'est une masse humaine importante qui s'est agglutinée. Chacun de nous a dû voir ou a vu au moins une fois cette photo en noir et blanc, plus exactement en clair-obscur, ce qui était le genre de l'époque ! Dessus, ils sont six. Six hommes, quatre debout, et deux assis sur des tabourets de studio. A l'exception d'un seul, ils sont cravatés et tous vêtus de costumes défraîchis, ayant perdu le lustre du neuf mais pas la solennité des défis, modestes mais dignes. Ils ont en commun, aussi, un air grave, tout à la fois déterminé et soulagé, que recouvrent les hommes qui viennent d'endosser la charge d'un arrêt dont la portée bouleversera de fond en comble l'Algérie et aura, par ricochet, des répliques dans le monde colonisé. «Nous sommes le 23 octobre 1954, à une semaine du 1er Novembre. Les Six viennent de sortir d'une réunion secrète tenue au domicile de Mourad Boukhechoua, au 24, rue Comte-Guillot, à la Pointe Pescade, actuellement Raïs Hamidou», nous dit un natif de cette commune. «A cette occasion il faudrait que notre jeunesse sache que cette rencontre dont le caractère décisif tenu à Raïs Hamidou, ira bien au-delà de ce que le groupe des 6 a dû et pu imaginer. Ils venaient de porter la flamme à la mèche d'une révolution qui fera des émules en Afrique et sera longtemps considérée comme un modèle pour les militants anticolonialistes et anti-impérialistes de tous les continents», ajoute notre interlocuteur. Une sexagénaire, moudjahida, s'exclame qu'«à l'époque, nous faisions tous la fête, les drapeaux étaient pendus aux balcons et aux fenêtres. Ce que l'on ne voit plus aujourd'hui». Une autre lui répond : «C'est aussi notre jeunesse qui est indifférente à son histoire.» Des jeunes qui déambulent, en groupe, ne semblent pas captivés. C'est la curiosité qui les a amenés. Interrogé, l'un d'eux dira : «Oui, nous savons que c'est important et nous connaissons notre histoire, seulement c'est la même chose qui se répète, il n'y a rien de nouveau.» «Ce rendez-vous qui mérite beaucoup plus de médiatisation, ce qui n'est pas le cas malheureusement, se passe uniquement au centre-ville, avec la population qui se trouve ici par hasard», regrette un passant. Il n'empêche que du point de vue de quelques familles rencontrées, l'ambiance y est, peu importe ce qu'en pensent les gens en général. «Cela change un peu, notamment pour nous. C'est rare de se promener dans une fête semblable et où tout le monde est souriant», dira une jeune mère.